Carnet de bord du confinement heureux, partie 4 !

Le glas du confinement semble avoir sonné, mais qu’importe ! Nous continuons notre noble entreprise qui est de vous partager nos occupations et meilleurs plans binge watching et binge gaming sans pression !
Et pour finir, c’est Listener, César et Manny Calavera qui repartent à la charge pour clore ce carnet de bord comme il se doit. Bon (dé)confinement à toutes et tous !


LISTENER –

Alors que je m’étais arrêtée sur mon rattrapage de la quatrième saison de Supergirl dans la précédente partie du Carnet de bord, me voilà désormais à jour, après avoir vu le dernier épisode diffusé de la saison 5. Malheureusement, la série perd en qualité cette saison, malgré de grandes promesses, la faute, sans doute, au crossover dantesque de l’arrowverse : “Crisis On Infinite Earths”. Un moment-clé qui redistribue les cartes de tous les univers, en allant au bout du concept puisque, surprise, on voit apparaître le Superman de Smallville (Tom Welling), le Superman de Superman Returns (Brandon Routh), Lucifer (Tom Ellis) et même le Flash de Justice League (Ezra Miller) ! Dommage que la série Supergirl peine ensuite à se recentrer sur les enjeux de sa saison…


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Autres rattrapages de confinement : la saison 16 de Grey’s Anatomy ! Alors, autant vous le dire tout de suite, je suis l’une des premières défenseuses de la série et pour rien au monde je ne lui souhaite de s’arrêter. Maintenant, soyons honnête : la saison 16 est une catastrophe. Quelques loners se distinguent, mais dans l’ensemble, les scénaristes tirent la corde d’intrigues déjà épuisées. Pire encore, le départ d’un des personnages piliers de la série, Alex Karev, est une des pires sorties de la série : inconcevable et incohérente, au point qu’on s’interroge surtout sur ce qui a bien pu se tramer dans les coulisses pour provoquer ce départ. 

Tant pis, j’enchaîne avec un autre rattrapage, THE rattrapage, avec la dernière saison de Killing Eve ! La série de la BBC est de retour le 13 avril, alors autant dire que je me devais d’être à jour dans la saison 2… Si la qualité a faibli depuis la première saison suite au départ de Queen Phoebe Waller-Bridge à l’écriture, le cocktail reste détonnant. Cette série est bien souvent un concentré de WTF, absolument improbable, et définitivement jubilatoire. Sandra Oh est toujours au sommet de son art et Jodie Comer, l’interprète de Villanelle, rend honneur à un personnage de sociopathe qui hante vos rêves comme vos cauchemars. Si vous êtes en quête d’une série fun, sexy et glaçante : c’est votre nouveau rendez-vous.



Maintenant, j’alterne entre Station 19 et Doctor Who. À la recherche d’émotions “faciles”, je me mets à la première, le spin-off de Grey’s qui, somme toute, est exactement ce que j’attendais de lui. J’ai à ce jour fini la saison 1 et suis en train de me lancer dans la deuxième, tout en continuant mon rattrapage de la saison 12 de Doctor Who. Je ne vais pas nier que cette dernière ne me passionne pas, mais le dernier épisode que j’ai vu (le cinquième) m’incite à revoir ma position avec une aventure efficace et des mystères susceptibles de réactiver mon enthousiasme pour la suite. 

Bien sûr, à côté de ça, je continue de regarder avec assiduité Top Chef, qui peut compter cette année sur un casting d’exception, aussi attachant que talentueux. C’est définitivement l’émission la plus feel good du moment (avec celle sur les chiots de France 4, certes). Pour du binge-watching content, je ne saurais que vous orienter vers The Circle sur Netflix, dont je découvre la version française actuellement. Les participants du jeu doivent être influenceurs pour remporter la mise : un concept de tv-réalité simple, mais qui donne lieu à une sorte de jeu de rôle et d’enquête très vite addictif. Plus proche de Koh-Lanta que de Secret Story, en somme, l’émission surprend aussi par l’investissement de ses participants, moins idiots que d’ordinaire pour jouer de stratégie et anticiper les coups des adversaires.


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En dehors des séries, je fais quoi ? Eh bien pas grand chose. Mais je me découvre une passion pour un jeu d’exploration aquatique : In Other Waters (je joue sur Switch). Le joueur aide une xénobiologiste qui explore les eaux d’une autre planète. Je dois dire que je ne m’attendais pas à accrocher, notamment parce que j’imaginais que l’interface minimaliste en apparence empêcherait l’immersion. J’avais tout faux ! Après à peine quelques minutes, j’étais déjà complètement dedans et maintenant, j’adore y passer quelques heures dans le noir, casque sur les oreilles pour apprécier le travail de la bande-son et avancer dans l’histoire tout en répertoriant de nouvelles formes de vie. Malheureusement, il n’y a pas de traduction française et le vocabulaire de la vie aquatique m’échappe parfois, mais ça n’a aucun impact sur le plaisir de jeu ! 


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– CÉSAR –

Tellement de choses à regarder et si peu de temps… hop, attends, j’ai tout le temps en fait. Finalement! J’enlève des titres de ma liste Netflix plus vite que je ne les ajoute. Même pendant les vacances je n’arrivais pas à ce rythme-là ! Bon, profitons-en…

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J’ai décidé de continuer avec ma longue liste de films français à découvrir. Pendant mes presque trois ans de vie à Toulouse j’ai pu voir quelques classiques comme Papy fait de la résistance (Jean-Marie Poiré, 1983), La Soupe aux choux (Jean Girault, 1981), La Chèvre (Francis Veber, 1981), Les Trois frères (Didier Bourdon, Bernard Campan, 1995), La Cité de la peur (Alain Berbérian, 1994), Le Goût des autres (Agnes Jaoui, 2000), et peut-être quelques navets qui m’échappent. Cette fois je m’attaque à quelque chose de plus récent (mais pas trop quand même): L’Auberge espagnole et Les Poupées russes de Cédric Klapisch. J’avais beaucoup entendu parler du premier, mais rien du deuxième et encore moins de Le Casse-tête chinois, troisième film de la série.


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Pourtant, j’ai beaucoup aimé les deux premiers, et j’attends désespérément que Netflix ajoute le troisième sur le catalogue ! Parce que je me suis totalement laissé emporter par cette histoire. Sans doute parce que j’ai vécu et vis encore cette belle expérience de vivre à l’étranger. Comme Xavier, je suis passé par ce sentiment dichotomique entre quitter son chez-soi et découvrir un endroit inconnu, à fond et en entier. Comme lui, j’ai vécu des amours et des désamours ; j’ai appris une nouvelle langue, connu une nouvelle culture ; j’ai fait des nouvelles connaissances, des nouveaux amis à vie ; j’ai changé, et j’ai appris.

Certes, je me suis bien identifié avec le héros et son histoire, mais je trouve aussi que les deux films apportent des belles réflexions sur nos façons de généraliser le monde, les cultures, les nationalités et les personnes (en général…). C’est drôle quand même comme depuis le début j’ai trouvé le style de narration et le format assez similaire à la saga “Que Pena…” du réalisateur chilien Nicolás Lopez, qui est aussi une série de trois films, et son héros s’appelle Javier d’ailleurs (je vous laisse la bande-annonce plus bas). C’est pourquoi je suis bien content de l’avoir découvert, je me suis bien amusé et j’ai pris beaucoup de conseils, comme si c’était un cours de scénario en fait. Il me faut encore regarder le troisième, c’est sûr. Mais je pense que c’est une saga que je garderai dans ma mémoire pour un bon moment.


– MANNY CALAVERA –

Avec le déconfinement – ou l’allègement du confinement, c’est selon – qui survient, l’on a presque le coeur qui se serre, tant ce confinement avait tant à nous offrir en terme de délices audiovisuels (comprendre : du temps libre pour les savourer pleinement). Finalement, depuis la première partie de l’article, j’ai surtout consacré mon temps à entretenir les liens sociaux qui me liaient à mes camarades toulousains par écrans interposés, grâce à ces bons vieux Counter Strike : Global Offensive et Age of Empires 2 : Definitive Edition. C’est assez cocasse, quand on y pense : c’est l’impossibilité de sortir de chez moi qui m’a fait multiplier le temps passé sur des jeux multijoueurs au lieu de me renfermer sur du jeu solo, des films et des séries…“la nature a horreur du vide”, comme on dit : le manque de relations sociales physiques s’est vu comblé par des relations numériques (visuelles et surtout vocales, grâce à ces merveilleux logiciels que sont Skype, Discord ou encore Zoom). Toujours est-il que mon avancée sur Dishonored 2 et surtout sur Red Dead Redemption en ont pâti, notamment sur le plan de ma folie de l’achèvement total de chaque jeu qui me passe dans les mains ! 

Une entreprise longue et fastidieuse, mais tellement satisfaisante et enrichissante, tant sur le plan de la résilience émotionnelle (face aux épreuves sans cesses plus ardues), de la patience (et Dieu sait qu’il en faut pour décrocher le trophée du “accompli à 100%”) et de la rigueur. De plus, je ne connais pas meilleur moyen de découvrir à fond une oeuvre vidéoludique, sous toutes ses coutures ; n’est-ce pas finalement le plus bel hommage que l’on puisse faire aux équipes qui se sont échinées à produire pareilles beautées ? Y jouer, oui, mais de manière totale, et complète.
Bref, si les chevauchées dans l’ouest sauvage de “RDR2” ont été repoussées, ce ne sera plus le cas longtemps…

Mais laissons là les jeux vidéo. Même s’ils occupent la plus large part de mes loisirs, je n’en ai pas oublié l’audiovisuel plus “traditionnel”, que j’affectionne tout autant.

Le cinéma, déjà. Avec ma tendre moitié, nous avons décidé de passer un cap : celui d’enfin voir les films dont nous repoussons la diffusion ad vitam aeternam pour pléthore de raisons – pas toujours bonnes, cela va sans dire. Aussi avons-nous pris le taureau par les cornes, et avons concocté un petit jeu pour combler de manière imparable nos lacunes cinématographiques et ne plus laisser de place aux errements et hésitations habituels lorsque le choix du film de la soirée survient. Une boîte, des petits papiers, deux stylos et voilà ! Dix films chacuns, choisis dans le secret le plus absolu, que nous serons obligés de regarder dès lors qu’ils seront piochés. Un joker à la limite, s’il est vraiment tard (coucou Il était une fois en Amérique ou la version longue du Seigneur des Anneaux…) ou que l’humeur n’y est pas, mais ce sera tout ! Plus de place à la dérobade, au doute, mais plutôt à la découverte et à la confiance dans les choix filmiques de son amoureux-seuse ! Qu’il s’agisse de grands classiques incontournables mais pourtant contournés depuis des lustres, de petits bijoux asiatiques ou latino-américains inconnus, de films passés récemment au box-office mais ratés de peu ou carrément des plus honteux plaisirs coupables que l’on osait pas mentionner sous peine d’excommunication sociale, tout est bon pour remplir la “boîte de l’anti-flemme culturelle” ! 

Depuis que nous avons commencé, assez peu de films piochés, nos soirées étant considérablement prises par nos sessions gaming avec le gang des toulousains confinés, mais le jeu à quand même porté ses fruits : Good Morning England (Richard Curtis, 2009), feel-good movie au casting remarquable et traitant d’une histoire finalement assez peu connue des radios pirates anglaises durant les années 60, que j’avais dans ma “to see list” depuis des années, est enfin passé sous mes yeux et ma douce a pu m’impos…me soumettre amoureusement la vue de The Notebook (Nick Cassavetes, 2004), romance (ciel que je déteste ça) avec le très lapidaire mais tellement BG Ryan Gosling et la douée Rachel McAdams. Des films “qu’il faut avoir vu”, jugeront certains, mais c’est forcément très subjectif. 

Au final, de bons moments qui permettent de passer du temps ensemble sans s’écharper deux heures sur le choix des armes, et qui a le bon goût de combler des manques culturels ou de nous amener sur des pistes que nous n’aurions pas empruntées seuls…Bref, je recommande l’exercice ! Et possibilité de balancer des gages si votre moitié ne veut pas jouer le jeu alors qu’elle vient de piocher The Room…même si en l’occurrence c’est une réaction normale, proche de l’instinct de survie (vous devriez d’ailleurs signer un pacte interdisant d’entrée de jeu que ce film apparaisse dans un seul de vos petits papiers, qu’on se le dise).

Bande-annonce de Good Morning England

Côté séries, le confinement a été rythmé par la saison 3 de Westworld, dont l’excellence se confirme encore, malgré quelques écueils et légères incohérences passagères. Je n’ai de cesse de hurler le brio des séries signées HBO, malgré l’effondrement qualitatif terrible qu’à connu Game of Thrones dans ses saisons 7 et surtout 8 (la blessure est encore vive…je ne peux pas en parler davantage), et ne cesserai pas de le faire avec Westworld qui nous conduit dans un univers dense et complexe, où l’intelligence artificielle est omniprésente et les questionnements moraux qui l’accompagne, extrêmement prégnants et forcément problématiques. 

Une dystopie, une série d’anticipation, un exercice philosophique…pas évident de se situer, tant les intrigues et les personnages nous emportent dans un tourbillon d’interrogations nous ramenant à notre propre existence. Si les saisons 1 et 2 se concentraient sur la possibilité de conscience des machines, sur ce qui les différencient – ou pas – des hommes, et sur la cohabitation de plus en plus difficile face aux révélations réciproques, la saison 3 nous donne à voir ce que peut donner une société sous tutelle informatique et virtuelle. Passé le champ des possibles offert aux habitants, forcément vertigineux (et qui n’a pas à rougir face aux canons de la science-fiction), le tableau peint nous glace le sang dans sa chronique d’un monde artificiel, où la volonté des individus n’est plus qu’un mirage, et sur le dilemme moral que peut poser la plus noble des intentions. 

Une série qui a le bon goût de ne pas céder à la facilité en ne faisant pas s’opposer véritables salauds et héros étincelants de la liberté, quand bien même ces archétypes se voient incarnés par intermittence et aux grès des évolutions de l’intrigue, sans pour autant être coulés dans un moule immuable et sujet aux jugements définitifs. Une écriture de personnages profonds et une trajectoire scénaristique riche que seules les séries peuvent offrir, mais que les petites mains de HBO sont les seules à maîtriser aussi bien depuis 20 ans. Gageons que ce potentiel ne sera pas gâché sur l’autel de la hype, comme l’a été celui de la série dont je ne pourrais prononcer le titre une seconde fois ici (oui, c’est encore trop tôt)…

Bande-annonce de la saison 3 de Westworld, où nous pouvons apercevoir Aaron Paul et notre Vincent Cassel national, qui rejoignent le casting dans les rôles respectif de Caleb, un ouvrier du bâtiment tourmenté, et Enguerrand Serac, mystérieux et tout puissant homme d’affaire).

Enfin, je me dois de parler pour terminer d’une autre série, que je n’attendais pas, et que je ne comptais pas voir vu les échos franchement dépréciatifs qui m’étaient arrivés jusqu’aux oreilles : The Witcher. Nouvelle venue dans le monde télévisuel, produite par Netflix et tirée de la saga littéraire signée par Andrzej Sapkowski dans les années 90, cette série est un des poids lourds de la plateforme de Reed Hastings avec un budget d’environ 80 millions de dollars pour la saison 1, soit 10 millions par épisode. 

Traitant de l’histoire de Geralt de Riv, “sorceleur” de son état (d’où le titre de la saga), l’intrigue nous transporte dans un univers de fantasy médiévale à forte influence culturelle slave, où les pérégrinations de ce bon Geralt exerçant son office (NB : découper du monstre et autres abominations moyennant finances) le lient progressivement à la destinée de Yennefer, magicienne hors-pair et Cirilla, jeune princesse orpheline et pourchassée, tous trois pris dans les tourments politiques qui déchirent le “Continent”. 

Qu’on le souligne d’entrée : c’est une adaptation, elle n’échappe donc pas à la sempiternelle joute que se livrent les fans (et non-fans) à son sujet. N’ayant lu ni les livres, ni joué aux adaptations vidéoludiques (dont le troisième opus sorti en 2015 a remporté un franc succès chez les adeptes de jeux de rôle en monde ouvert), je partais sans aucun a priori particulier, si ce n’est les échos négatifs dont je parlais plus haut. 

Peu importe au final, dans la mesure où je m’efforce de ne plus attendre d’une adaptation une quelconque “fidélité” à l’œuvre originale (toute proportion gardée), surtout au détriment du respect des codes du média sur lequel elle est appliquée. Ce qui importe, c’est que le produit final soit bon, indépendamment de ses modèles préexistants (auquel il sera pourtant invariablement comparé, rendant l’exercice particulièrement casse-gueule pour son créateur).

Au final, j’ai dévoré cette première saison avec intérêt, et non sans une certaine surprise, tant je ne m’attendais pas à un tel rendu narratif, surtout venant de Netflix. Le scénario, bien que confus par moment (ce qui est en partie compréhensible dû à l’entremêlement de différentes trames narratives), a le mérite de proposer une épopée fantastique qui sort de ce que l’on a l’habitude de voir dans le domaine, en particulier du côté du cinéma de divertissement. Exit les schémas manichéens au possible, hérités des contes de Perrault, et bonjour les motivations troubles, les personnages torturés, changeants, “ni blancs ni noirs” et traversés par le doute et les questionnements moraux. 

Des personnages qui font plaisir à voir autant que les acteurs qui les campent ; l’un des atouts de la série est sans nul doute le trio suivi par le spectateur, et la justesse du jeu de leurs interprètes. À commencer par Geralt de Riv lui-même, incarné par Henry Cavill, le plus “Superman” des acteurs américains : la carrure imposante et l’air impassible, le sorceleur tranche dans le lard avec autant de facilité qu’il voit clair dans les intentions et manigances de ses interlocuteurs, et c’est bien là toute sa réussite. Son aspect bourru et solitaire, rendu inévitable de par son histoire tragique et la tâche périlleuse qui lui incombe, n’occulte pas un intellect et un sens de la déduction franchement déroutant pour tout habitué des canons du genre, privilégiant plutôt les idiots bourrins sans une once de subtilité, ou carrément des mannequins masculins imberbes semblant sortir tout droit d’une pub pour parfum, dans la lignée d’un Sam Worthington. Ajoutons à cela un sens du sarcasme omniprésent et un sens moral plus complexe qu’il n’y paraît, et l’on tient un personnage et un interprète à la fois attachant et fascinant de par sa profondeur.

Yennefer, elle, tranche de par son rôle de femme forte issue d’une histoire tout aussi difficile, dont on ne pourra là aussi que louer le talent de son interprète Anya Chalotra, notamment dans les premiers épisodes où le physique disgracieux du personnage le rend d’autant plus intéressant à filmer qu’il est constitutif du caractère de la Yennefer en devenir, en plus de s’éloigner là aussi des carcans habituels faisant la part belle à des actrices nécessairement “belles” et filiformes, voire carrément hypersexualisées (on regretterait presque que le personnage ne soit pas davantage assumé en tant que tel plus longtemps).


Le trio au centre de cette série – Tous droits réservés

Pour ce qui est de la forme, l’on aura du mal à jeter la pierre aux effets spéciaux qui, sans être transcendants, sont suffisamment crédibles pour nous immerger dans l’atmosphère sombre et magique de l’univers. Sachant que c’est souvent sur la post-production que les moyens financiers sont engloutis, on appréciera que les efforts soient mis sur l’écriture, les dialogues, l’acting et les plans extérieurs plutôt que sur l’esbroufe visuelle numérique (qui n’en reste pas moins appréciable, surtout dans de telles œuvres, nécessairement épiques et romanesques). 

L’exercice est d’autant plus périlleux que l’aspect “magique” de The Witcher est bien plus affirmé que celui d’un Game of Thrones, par exemple, qui joue davantage la carte de la fiction médiévale laissant le fantastique à la marge (pour un temps du moins). Ici, on y baigne d’entrée de jeu, et cela se voit même dans la flore qui entoure les personnages et qui évolue sans cesse de contrées en contrées.

Loin d’être exempt de défauts, notamment dans son récit un brin trouble, des antagonistes Niflgaardiens encore trop stéréotypés et quelques (rares) séquences un poil cliché, voire totalement risibles (la pose “bisou magique” de l’épisode 5, au secours !), le progrès proposé sur plusieurs domaines est très bienvenu et le travail accompli sur les personnages et l’intrigue, plus matures et dans la droite ligne des récents travaux signés HBO justement, est vraiment apprécié… reste à savoir si ce crédo sera maintenu pour la saison deux, et que les promesses de cette première saison ne finissent pas sacrifiées en chemin pour retomber dans quelque chose de plus consensuel et attendu.

Mais pour juger de cela, il faudra déjà que le tournage puisse reprendre, interrompu par un certain…Covid-19. Il ne respecte décidément rien !

Bande-annonce de The Witcher, saison 1

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