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Bull : le taureau est entré dans l’arène de l’Extrême Cinéma à Toulouse

Bull c’est le nom du personnage principal incarné à l’écran par Neil Maskell. Si je vous dis : «Where is Jessica Hyde ?», vous pourriez reconnaître l’acteur de la série Utopia (Dennis Kelly, 2013). Pour les autres, foncez voir cette merveilleuse série qui vous rendra parano à coup sûr, si vous ne l’êtes pas déjà ! 

Digression terminée, parlons de Bull  (Paul Andrew Williams, 2021). Le film était présenté en avant première à la cinémathèque par l’équipe du Grindhouse Paradise Festival. Il a signé mon coup de cœur de l’édition 2022 du festival Extrême Cinéma (bien que le film Incubus de Leslie Stevens (1966) arrive peu après). C’est un film puissant et percutant. Tel un taureau, il vous prend, vous jette à terre et vous piétine! Et vous, vous priez pour être encore en vie à la fin de la séance. Si l’on regarde le synopsis d’ AlloCiné on sera surpris-e de constater qu’il est assez court : «Bull revient mystérieusement chez lui après dix ans d’absence pour se venger de ceux qui l’ont trahi il y a des années.». Court, mais précis car il dépeint les contours d’un revenge movie. Et malgré ce synopsis simpliste se trouve un scénario que l’on pourrait trouver banal. Sans spoiler, c’est l’histoire d’un père qui était dans la mafia, et qui, en partie à cause de ça, perd son fils, il revient quelques années après pour retrouver son fils et se venger de celleux qui l’ont éloigné-e de lui.

Affiche de Bull par Paul Andrew Williams
Affiche de Bull par Paul Andrew Williams © Allociné

 Ce que j’ai vraiment apprécié, c’est de constater qu’on puisse encore de nos jours surprendre avec un récit aussi basique. Car le scénario s’avère efficace et incisif. De plus, bien que l’histoire semble très épurée, elle se montre complexe au visionnage, avec beaucoup de flash-back et d’ellipses temporelles. On ne comprend pas facilement les liens entre les personnages, le film prend bien le temps et égrène les indices au fur et à mesure. D’ailleurs, le twist final m’a laissée perplexe et je n’étais même pas certaine d’avoir tout saisi car j’ai été plutôt désarçonnée…

Un film cru, malsain, mais réaliste

Le film nous invite à nous questionner à propos de nos limites. Si l’on avait à protéger notre famille, jusqu’où pourrait-on aller ? Cette vision empêche totalement de se placer pour ou contre l’un des personnages. Car Bull doit affronter son ex-beau père (incarné par David Hayman) qui semble être un parrain de la mafia. Cependant ce dernier tente de protéger sa fille l’ex de Bull et la mère du fils disparu. L’un veut retrouver son fils, l’autre veut protéger sa fille. Comment peut-on dire que l’un est meilleur que l’autre ? 

On est pétrifié devant tant d’horreur mais l’on se surprend à trouver des excuses à ces comportements violents. C’est vraiment l’esprit de l’Extrême cinéma que j’ai retrouvé dans ce film car il est malsain et nous pousse dans nos retranchements à ne plus pouvoir apporter une interprétation saine. Toutes les limites sont floues et c’est ce qui rend ce film extrême. Mais d’une certaine manière c’est aussi ce qui le rend réaliste, car prenons le temps d’y réfléchir : jusqu’où pourrions nous aller pour sauver notre famille ?

Si la question s’avère complexe, le film y répond brillamment : on pourrait aller très loin. Même là où vous n’imaginiez pas que le film puisse aller. Et c’est ça qui est vraiment impactant et qui est savamment amené tout au long du film.

Bull doit affronter son père. © inreviewonline.com

La mafia : un monde qu’on préfère ne pas connaître

En filigrane, le film nous esquisse un croquis de la mafia britannique. Est-ce une peinture réaliste ? Je pense qu’aucun-e spectateur-ice n’a réellement envie de le savoir. En tout cas, c’est une peinture convaincante qui nous donne seulement l’envie de ne jamais avoir de lien avec un tel milieu. Milieu dans lequel la violence se déchaîne, gratuite et décomplexée.

Si vous avez envie de regarder un film cathartique et violent mais dont le twist final est inattendu, je vous conseille grandement ce film. Dans le cas contraire, oubliez même l’idée de ce film. 

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