Extrême Cinéma 2019 – Carnet de bord

20 ans ! Du temps des Guignols,on aurait rajouté un “putain”, mais nous nous contenterons d’un bien plus sobre “bravo”. Le Festival Extrême Cinéma sévit à La Cinémathèque de Toulouse depuis 20 ans, et la programmation est à la hauteur de cette édition anniversaire exceptionnelle : expositions, performances, concerts, déluge d’invités et de conférences… On a hâte de découvrir ce que les programmateurs nous ont concocté !

L’affiche va vous en mettre plein les yeux ! Ahahaha ! Hem… Crédit photo : l’Écran

SAMEDI – 

Dolores : Premier jour de festival pour moi, et je suis plus qu’impatiente de découvrir pour la première fois l’Extrême Cinéma ! Le festival m’a été vanté plus d’une fois par The Watcher et Gonzobob, grands habitués des éditions précédentes, et je dois dire que la promesse de contenu hors des sentiers battus me met l’eau à la bouche… 

Table Ronde sur les Fanzines ! Crédit photo : L’Écran

Direction la grande salle de La Cinémathèque pour une conférence sur les fanzines donnée par des invités de marque : Didier Lefèvre, le créateur de Medusa, Laurent Hellebé, co-éditeur de Panik Edition et de fanzines comme Asian Mania et Crash, Thomas Bégeault, créateur du fanzine de musique Blackboard Jungle Dubzine, et enfin Christophe Bier, LE fan de cinéma érotique le plus “obsessionnel” de France ! Durant une heure, les quatre intervenants débattent sur le fanzine en tant qu’objet de fascination, de ses premières heures dans les années 50 aux USA porté par les fans de cinéma fantastique, jusqu’aux formes les plus actuelles assistées par la PAO, le blogging et les réseaux sociaux. Une dématérialisation qui divise : si pour Christophe Bier, “l’outil ordinateur freine une certaine rage, une urgence. Devant un ordinateur toute passion retombe comme un soufflé”, pour Thomas Bégeault l’ère du numérique n’entre pas en concurrence avec les fanzines papier. Il s’agit juste “d’outils différents, complémentaires. Les gens qui font des fanzines aujourd’hui n’ont pas plus de thunes qu’avant, ils utilisent juste les nouveaux outils à leur disposition, et ont raison de le faire.”

Les quatre invités de la Table Ronde sur le Fanzine. Crédit photo : l’Écran

Mais, qu’est-ce qu’un fanzine ? Les invités semblent tomber d’accord sur une définition : un fanzine est porté par des fanatiques, parle d’un sujet très spécialisé, de niche, peu abordé par les médias grand public. Et surtout, un fanzine comporte un côté journal intime : c’est souvent un projet porté par une seule personne, qui se dévoile beaucoup à travers ses écrits, au point qu’une nouvelle tendance, l’egozine ou perzine (pour personal zine) a vu le jour. Et si on veut en savoir plus sur ce phénomène, on peut se rendre à la fanzinothèque de Poitiers, ou bien profiter de l’exposition thématique jusqu’au 3 mars à La Cinémathèque de Toulouse.

DIMANCHE – 

Dolores : Encouragée par la conférence de la veille, je profite de la tranquillité du dimanche pour explorer un peu plus l’exposition à La Cinémathèque sur les fanzines. De nombreux exemplaires sont consultables sur place, et laissent voir ce qu’aurait pu être l’Écran dans les années 80/90, une esthétique noir et blanc un peu trashouille dans laquelle se seraient épanouis The Watcher et Gonzobob, j’en suis sûre !

Un des stands de lecture de l’exposition. Crédit photo : L’Écran

En marge de l’exposition, des goodies de créateurs et créatrices sont proposés à l’achat. J’ai trouvé l’initiative sympathique, d’autant plus que le cadre exceptionnel des 20 ans du festival se prêtait au dispositif. De nombreuses interventions artistiques ponctuent aussi les entractes du festival, avec des performances ou des concerts. La Cinémathèque est vivante, grouille de monde, ça rit, ça piaille, et enfoncée dans mon fauteuil du hall je me sens comme à la maison dans cette ambiance de fête. Vivement le prochain jour de festival ! 

Lilith : J’avais aussi beaucoup entendu parler du festival Extrême Cinéma dans mon entourage, mais je n’avais pas encore eu la chance d’y participer. Cette année c’est chose faite ! Dimanche c’était mon premier jour de festival, je m’y suis rendue avec deux amies que j’avais réussi à convaincre de m’accompagner (rassurez-vous elles en sont sorties ravies et pas traumatisées à vie). Je commence fort puisque le premier film que j’ai vu m’a beaucoup plu. Je ne vous fais pas plus languir, il s’agissait de La nuit de tous les mystères (1959) (House on haunted hill, pour les anglophones) réalisé par William Castle. Le film est rapidement présenté puis les lumières s’éteignent…

Au début je me suis dit: “c’est un slasher le film en fait” (ou pour employer le terme de l’époque un psycho-killer movie). N’ayant jamais vu le film j’imaginais que, dans cette maison hantée, les invités du millionnaire et de sa femme allaient tous mourir les uns après les autres, tués par leurs hôtes. Mais pas du tout en fait. Une mort, en particulier, vient en effet jouer les trouble-fête, puis le film se transforme en une enquête style roman noir. C’est un huis-clos oppressant où les apparitions fantasmagoriques naissent dans les recoins les plus sombres des nombreuses pièces de cette villa, et tout ça sur fond de trahison. Ce long-métrage d’épouvante en noir et blanc m’a totalement séduite par son ambiance qui fait parfois frissonner et sursauter, mais, qui peut aussi parfois nous faire rire. Cependant, on ne peut que remarquer que pour l’époque, c’était un film très bien fait. Certains effets spéciaux rendent très bien, même maintenant. Quelques petits bémols, l’un des personnages féminins est vraiment agaçant à crier tout le temps car cela tourne au ridicule certaines scènes, au point que souvent le public riait face à ses cris perçants. Tous les personnages féminins restent quand même globalement dans les clichés de l’époque : la fille fragile qui se réfugie dans les bras de l’homme fort, la femme sournoise et calculatrice, et la dernière une séductrice qui a un intérêt tout particulier pour l’argent. Mais tout cela arrive à être dépassé par une intrigue plus qu’intéressante et une mise en scène très bien ficelée. Je vous en ferai une critique plus détaillée très prochainement.

Et légère digression, n’oublions pas que la femme émancipée que l’on connaît aujourd’hui n’a pas toujours existé. Alors ça nous paraît choquant (et ça l’est) mais la suite des films que j’ai vus est dans la même lignée : des personnages masculins mis en avant au détriment des figures féminines souvent malmenées. Avoir la chance de voir ces vieux films nous permet aussi de nous rendre compte de l’évolution des personnages féminins au sein du cinéma selon les époques. C’est extrêmement récent l’apparition de personnages féminins forts dans les films.

LUNDI –

Gonzobob : Premier jour de festival pour votre humble serviteur, et déjà une grosse claque dans la tronche avec l’excellentissime The Search for Weng Weng de l’Australien déjanté Andrew Leavold. Nul besoin de dire que l’amateur de nanars devant l’infini que je suis frémissait d’impatience à l’idée de voir le film depuis l’annonce du programme du Festival Extrême Cinéma ! En perspective un panorama du cinéma d’exploitation philippin des années 1970-1980, une mine d’or quasi inépuisable pour les férus de cinéma bis, avec ici un retour sur la brève et improbable carrière d’Ernesto de la Cruz, dit Weng Weng, le plus petit acteur à avoir jamais joué au cinéma, du haut de ses 80 centimètres. Les avides producteurs Peter et Cora Caballes le prennent sous leur aile et le font jouer entre autres dans des parodies de James Bond dans lesquelles il tient le rôle de l’agent Double Zéro et tatanne hommes de main et grands méchants, tout en étant un redoutable séducteur de ces dames dans des films dont on ne sait jamais vraiment s’ils sont sérieux ou de simples comédies populaires mettant en scène un acteur au physique unique, comme par exemple For y’ur Height Only (Eddie Nicart, 1981), parodie de For Your Eyes Only, Agent Double Zéro (Eddie Nicart, 1981), ou encore le western D’Wild Wild Weng (Eddie Nicart, 1982). Le succès est au rendez-vous, puisque Weng Weng ira même jusqu’au marché du film de Cannes vendre ces surprenantes productions à l’international, alors même que les films philippins plus “sérieux” et “respectables” de la même époque ne s’exportent guère.

 Le film est absolument génial et met en scène le réalisateur Andrew Lievold dans une odyssée aux forts relents de journalisme Gonzo que n’aurait pas reniée l’illustre Hunter S. Thompson (auteur de Las Vegas Parano et papa du journalisme Gonzo). Il écume le pays à la rencontre des acteurs, réalisateurs et producteurs de cet âge d’or du cinéma philippin, en quête d’informations sur l’identité réelle de Weng Weng, jusque-là inconnue du grand public, puisque le bonhomme est malheureusement tombé dans les méandres de l’oubli collectif suite à la fin de sa carrière et sa mort prématurée en 1992. Suite à sa quête sans répit, le réalisateur finit par retrouver la famille de Weng Weng et dresse avec leur aide le portrait d’un acteur atypique, à la carrière aussi brève que fulgurante, qui n’a malheureusement jamais pu apprécier les fruits de son succès, puisque plusieurs sources s’accordent autour du fait qu’il n’a jamais été payé pour son travail, se contentant d’être logé, nourri et blanchi par le couple Caballes, jusqu’à ce que ces derniers finissent par se lasser et le renvoient à la misère et à l’anonymat desquels ils l’avaient sorti.

  Un voyage à la fois comique et tragique donc, au cœur d’une production cinématographique pléthorique (à l’époque l’industrie du cinéma philippin est la deuxième au monde après Hollywood) qui réserve son lot de surprises et de moments véritablement touchants, à la recherche de Weng Weng. Christophe Bier et Frédéric Thibault, qui présentaient la séance, nous ont d’ailleurs annoncé qu’Andrew Leavold était de retour aux Philippines pour préparer un nouveau documentaire sur le cinéma d’exploitation local, que je vous avoue d’ores et déjà attendre avec moult impatience !

Crédit : IMDB.com

MARDI –

Lilith :  Le second film que j’ai visionné est un western spaghetti Tue et fais ta prière pour lequel il y avait comme invité d’honneur l’acteur principal du film : Lou Castel. Les organisateurs se sont improvisés journalistes pour lui poser des questions sur ce film et notamment sur Pasolini, réalisateur et scénariste (et acteur parfois aussi, puisqu’il joue le rôle d’un prêtre dans ce film), plutôt controversé qui a notamment réalisé Salo ou les 120 jours de sodome et qui faisait partie des scénaristes de ce film.

L’invité Lou Castel pour la présentation du film Tue et fais ta prière. (c’est le monsieur tout à droite de la photo si jamais il y avait des doutes). Crédit photo: L’Écran

Concernant ce long-métrage, je suis mitigée car son scénario intéressant est plombé à certains moments par des longueurs. Bien que le sujet principal soit la vendetta (comme on dit en italien), il est aussi question de la révolution mexicaine dont le personnage principal devient l’instrument, alors qu’il n’était vraiment pas parti pour ça. Et le sujet de la lutte des classes est également en toile de fond : le peuple (les mexicains) avec comme représentant Requiescant (le personnage principal) qui n’a même pas une ceinture décente pour tenir son pistolet et qui se contente d’une corde. Opposé à la bourgeoisie (les américains), incarnée par Ferguson avec ses beaux habits, son grand pouvoir (appuyé par ses acolytes) et son immense propriété. Ces différents thèmes semblent inscrire ce film dans la lignée des westerns zapata.
Bien sûr on n’oublie pas les clichés du genre : l’homme mystérieux et auquel rien ne résiste, très violent (la violence concerne tous les personnages masculins du film, quasiment). La femme quant à elle est reléguée au second plan: c’est celle qui se prostitue dans les saloons, c’est l’épouse, mais aussi celle qui doit supporter la violence en silence. Dans ce film, les personnages féminins sont aussi généreusement passés à tabac et même violés et tués. Mais il est intéressant de noter qu’ils sont également traités comme des personnages forts : on en voit aux premières lignes de la révolution et, bien que cela soit récurrent dans les westerns, la femme joue également un rôle crucial lors du dénouement. On peut aussi soulever le fait que Requiescant casse, en partie, le mythe du héros sans foi ni loi, puisqu’il récite une prière à chaque mort qu’il fait. Le scénario est quand même construit sur un schéma quasi manichéen. Avec d’un côté, un personnage qui vient essayer de sauver sa sœur, tombée dans la prostitution, et qui va finalement devoir prendre la charge de sauver un peuple entier. Et de l’autre côté, les grands méchants oppresseurs américains qui ne pensent qu’à la luxure, au jeu, à l’alcool et à la violence. Mais, étant donné que les westerns spaghetti se définissent en opposition aux westerns américains, un tel affrontement n’est pas étonnant. Ce film reste pour moi un bon western assez divertissant et qui semble légèrement casser certains codes du genre.

Crédit : IMDB.com

JEUDI –

Dolores : Long time no see, l’Extrême Festival ! Ce soir j’ai rendez-vous avec un Johnny Depp jeune et moralement plus acceptable que son contemporain. C’est Cry Baby qui occupera ma soirée et celle de Listener que je retrouve sur place, pour une projection… totalement improbable. Improbable, le sous-titrage du film en français et… néerlandais, une ligne en chaque langue, l’une au dessus de l’autre. Improbable enfin, les instructions données avant le début de la séance : “S’il vous plaît, à chaque fois que vous voyez Johnny Depp, hurlez comme quand moi j’ai découvert le film en salle !“ nous implore la personne de La Cinémathèque qui présente le film. 

Improbable, enfin, le film en lui-même. Cry Baby, c’est une galerie de personnages peu mis en avant dans le cinéma (femmes grosses, punks, personnages laids) au sein d’une comédie romantique neuneu à souhait. J’ai adoré les femmes de ce film, figures fortes, libres, émancipées, aux physiques atypiques mais jamais moquées ou rabaissées pour autant, ainsi que l’esthétique rock de l’ensemble. J’ai moins aimé la romcom dont je ne suis pas une adepte de base, ainsi que les parties chantées façon comédie musicale qui, si elles sont très drôles, sont moins intéressantes que la bande de punks. 

La bande de punks bien plus sympathiques que les riches du quartier Source : IMDB

Un résultat en demi-teinte donc pour moi. J’ai aimé la subversion, le délire et le côté foutraque du film, mais l’aspect trop sage du teen movie / comédie romantique fait perdre un peu de sa saveur au film. Mais ça reste un film sympatoche ! 

LISTENER : Comme Dolores, je fronce des sourcils en écoutant cet appel à faire revivre la Depp-hype. Applaudir un mec accusé de violences conjugales, rien de bien Extrême Cinéma pour moi ! Comme certains n’ont pas dû avoir le mémo, quelques “wouOOuuuh” se font entendre à sa première apparition, mais ne se répèteront pas par la suite. Quant au film lui-même, j’y vais en néophyte totale de John Waters ! Comme Dolores, je me découvre rapidement une certaine affection pour ces figures d’exclu-e-s, dans la vie, comme du cinéma. Mon attachement au genre de la romcom, comme au teen movie (eh oui, on peut être féministe et aimer la comédie romantique, get over it !), fait que, sans doute, la subversion, je la trouve quand même dans cette ouverture d’un genre codifié à souhait à ces parias mal-aimés. Je ne vais pas non plus nier que les moments les plus improbables et excessifs de Cry Baby, aussi bien dans le jeu de Johnny Depp que le duel carrossier débilo-macho, sont aussi ceux qui m’auront le plus fait marrer. 

Gonzobob : Je serai pour ma part beaucoup moins mitigé que mes chères collègues sur le cas Cry Baby, où la comédie romantique classique 80’s-90’s est passée à la frénétique moulinette du grand pape de l’esthétique trash et freak qu’est John Waters. J’ai tout simplement adoré et je me suis marré de bout en bout, moi qui déteste viscéralement le genre romcom.

 Tout le monde en prend pour son grade dans cette parodie parfaite qui revisite et ridiculise les tropes, clichés et passages obligés du genre. Tout est grotesque et outrancier, des ados (pour certains très âgés) pseudo-rebelles en quête d’émancipation aux parents puritains et hyper-religieux bloqués 40 ans en arrière dans une société qui n’existe plus depuis belle lurette. Les ficelles scénaristiques sont volontairement énormes et apparentes pour revisiter des scènes vues et revues avec un point de vue unique. La romance entre Wade Walker et sa dulcinée est littéralement la chose la plus importante qui se passe dans cette ville, des journalistes guettent leurs réactions à tous moments et font les gros titres des journaux avec leur histoire, et la population toute entière est au fait des troubles romantiques des deux tourtereaux. Les Drapes, Johnny Depp en tête, s’en donnent à cœur joie et se délectent vraisemblablement de leurs rôles, en témoignent les numéros musicaux hilarants qui émaillent le film. Mention toute particulière aux fugaces apparitions de Willem Dafoe en gardien de maison correctionnelle juvénile et Iggy Pop en beau-papy (le compagnon de sa grand-mère) de notre héros Cry Baby. Le réalisateur se livre à un exercice de style en parodiant un genre cinématographique, tout en le mettant habilement en abyme, et en déployant sur lui un véritable discours critique, assez acerbe. Je n’avais vu que pour le moins étrange Pink Flamingos (1972) de l’ami John Waters, dont Cry Baby est probablement l’un des films les plus mainstream,  mais il m’a donné envie de découvrir le reste de sa filmographie des marges et des marginaux.

VENDREDI – 

Dolores : Grosse soirée pour moi puisque j’enchaîne deux films, Agression et Angoisse. Heureusement Lilith m’accompagne sur Agression, et BORDEL, je suis heureuse de pas avoir été seule sur ce coup-là. Je pense pouvoir parler pour deux quand je dis que ce film nous a gonflées au plus haut point !

Ça démarrait pourtant pas trop mal, avec un scénar de film noir classique mais bien ficelé (un mec qui veut se venger après le viol et le meurtre de sa femme et de sa fille), et puis Catherine Deneuve arrive et rien ne va plus messieurs-dames. Elle incarne une potiche écervelée qui ne rêve que de se taper son beau-frère, incarné par un Trintignant qui s’est visiblement dit qu’en faire le moins possible au niveau de son jeu d’acteur devait lui donner un air viril et séducteur. C’est raté.

Oh non, je suis une pauvre femme sans défense ! Crédit : IMDB

Ajoutez à ça la lourdeur des dialogues du niveau d’un film de cul du dimanche, le twist final plus prévisible que la nomination de Bilal Hassani à l’Eurovision et les petites phrases humiliantes envers les femmes placées aléatoirement dans le script pour obtenir un résultat indigeste au possible. J’sais bien qu’on peut pas trop juger les mœurs des temps de jadis, mais en 2019 les blagues racistes, antisémites et misogynes, ça fait plus grincer des dents qu’autre chose. Surtout quand on se retrouve dans une salle que ça fait visiblement mourir de rire de voir une femme échapper de peu au viol. En un mot comme en mille, le film est vulgaire. C’est bas du front, lourdingue, pas franchement intéressant scénaristiquement et pas révolutionnaire dans sa réalisation. Un film qui aurait dû rester aux oubliettes !

Heureusement, Angoisse en deuxième partie de soirée rattrape largement le coup pour moi et signe mon coup de cœur du festival. Quelle petite pépite du cinéma d’horreur ! Révéler “le truc” du film serait un gâchis à mon sens, alors je vais juste vous dire que ça parle d’un mec qui aime collectionner les yeux des gens… Et je vous laisse découvrir le reste.

Car de mon côté je n’avais rien lu, ni vu sur Angoisse avant que la séance ne démarre et la surprise n’en a été que plus totale et réussie. Au-delà du scénario, le film possède une esthétique et une ambiance vraiment réussies, jouant beaucoup sur le motif de la spirale, du cercle et de l’ellipse pour nous faire sombrer dans la folie. Les clair-obscur sont particulièrement beaux, et assister à la projection de ce film en pellicule comporte un capital de charme indéniable qui n’a fait qu’augmenter le plaisir du visionnage. Je vous en dirai plus dans un prochain article, promis, car ce film mérite sa page de louanges ! 

Vous la sentez, l’angoisse dans cette photo ? Crédit : IMDB

Lilith : Agression est le dernier film que je suis allée voir et c’est celui qui m’a le plus déplu. Je me vois obligée de rejoindre l’avis de Dolores. Ce film est subversif oui, mais il est aussi affligeant. Le classique : « ne t’approches pas de moi, je ne veux pas de relation sexuelle ! » suivi du « ah ben finalement si viens ». Un « je dis non », mais, « je dis oui » dans toute sa laideur par Catherine Deneuve (je sais que c’est un rôle et un personnage qu’elle joue, mais elle l’a choisi et ça n’est pas sans rappeler la tribune sur « le droit des hommes à importuner » à laquelle elle a participé en 2018). Alors oui, c’est la « vieille France » avec les clichés misogynes, antisémites et racistes aussi (parce que sinon ce n’est pas drôle). Mais là on n’arrive pas à passer au-dessus parce que le scénario est atroce, ça ressemble à une mauvaise série B, on passe du coq à l’âne en permanence. Pour exemple le mec qui perd sa femme et sa fille, la femme elle perd sa sœur et sa nièce et quelques heures plus tard ils veulent déjà coucher ensemble. Sans parler du dénouement qui est tellement mal amené (bien que prévisible). On est sur du grand n’importe quoi. Couronné par le discours final absurde de la procureure en charge de l’affaire, qui nous fait une belle leçon de morale comme on la ferait à un enfant : « Ah il ne faut pas taper sur les motards, les pauvres ils sont gentils !». Alors que précisément le film débute sur les personnages de Trintignant et de sa femme qui se font violemment agresser par des motards. SPOILER ALERT : vous l’aurez compris ce ne sont pas les motards qui ont buté la femme et la fille.

Dolores : En bref, L’Extrême Fest ce sera pour moi un grand OUI l’année prochaine ! Même si toute la programmation ne m’a pas convaincue, on a la chance d’y découvrir des films rares en compagnie d’invités passionnés et surtout en format pellicule. Allez, si je devais trouver un bémol : je trouve dommage que les films ne passent qu’une fois, car si on loupe une séance on ne peut pas la rattraper. En dehors de ça, c’était un excellent festival !

Lilith : Si je peux apporter une critique à l’organisation du festival, je trouve dommage d’avoir projeté Agression dans une grande salle (qui je le précise était loin d’être complète). Pour ma part j’avais prévu d’aller voir Fatal games, projeté dans une petite salle, alors que je pense qu’il méritait peut-être un peu plus la grande salle que ce film. Je me suis repliée sur Agression car l’autre était complet et je n’étais vraiment pas la seule déçue et qui avait fait ce choix par dépit. Mais le Festival Extrême Cinéma a su me conquérir par son thème, principalement. Mais aussi par le charme indéniable de voir (ou de revoir) des vieux films sur grand écran. Une chose est sûre, on m’y reverra !

Gonzobob : Une nouvelle fois, cette 20e édition d’Extrême Cinéma aura tenu toutes ses promesses ! Je ne peux que regretter de ne pas avoir eu le temps de voir plus de films, qui il est vrai ne sont diffusés qu’une seule fois. Chaque année le festival est l’occasion de découvrir des films rares, excentriques et/ou totalement introuvables, le tout dans le superbe cadre de La Cinémathèque de Toulouse, pour le plus grand plaisir des cinéphiles que nous sommes à L’Écran. See you next year, Extrême Cinéma !

Lilith, Dolores, Gonzobob

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