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Les documentaires de Cinélatino 2020

L’édition 2020 du festival Cinélatino ne peut malheureusement pas se dérouler comme prévu, mais vous pouvez toujours découvrir des documentaires de la compétition sur la plateforme Tënk jusqu’au 24 avril. L’abonnement est à un euro pour le premier mois et ça vaut vraiment le coup.

Baracoa, exploration sensible d’une amitié

Un film de Pablo Briones – 2020

Baracoa traite d’un sujet simple mais que j’ai rarement eu l’occasion de voir exploré dans un documentaire : l’amitié. Durant un été dans la campagne cubaine, Leonel, un jeune garçon, et Antuán, presque adolescent, passent le temps. Leurs chemins sont amenés à se séparer : Antuán veut rejoindre son père à La Havane, alors que Leonel voudrait simplement aller à la plage. Plus qu’un simple désaccord, le film explore la profondeur de leur amitié à l’épreuve de leur écart d’âge et de leurs aspirations différentes. Le sujet peut paraître simple, mais la sensation d’immersion que provoque ce film le rend particulièrement attachant.

Le réalisateur argentin Pablo Briones, en collaboration avec le duo américain The Moving Picture Boys, a choisi de tourner dans un esprit de cinéma direct. Ce courant de documentaire naît dans les années 60 avec l’apparition d’équipements de tournage légers, et donc plus à même de venir capter la réalité au plus près. Dans Baracoa, la caméra, presque invisible, se glisse aux côtés des deux garçons avec une grande habileté. Le résultat est un film impressionnant de naturel, une plongée émotionnelle et sensible dans le parcours de Leonel et d’Antuán.

La créativité du montage et de la mise en scène font croire à une fiction, mais tout est à priori vrai. Le film porte de réels enjeux dramatiques alors que les garçons se construisent individuellement, leur relation est explorée avec beaucoup de minutie, dans sa beauté comme dans sa violence. Leonel aimerait être aussi grand qu’Antuán, et celui-ci le lui rappelle souvent, parfois avec humiliation. Le film est centré sur Leonel, qui est bluffant de naturel. A la fin du film il affirme vouloir « être dans le cinéma » plus tard.

Leonel, très à l’aise devant la caméra

Ce sont dans les plans longs que le film montre toute la beauté de sa mise en scène. On suit les déambulations des garçons avec l’impression de les voir évoluer et grandir. Dans une séquence assez magique, le duo s’aventure dans une grotte et s’enfonce dans l’obscurité à mesure que leurs torches se consument. Ils leur reste quelques allumettes à craquer, leurs silhouettes ne sont plus que de faibles lueurs, et découvrent alors des mains peintes sur la roche. Le travail de photographie est remarquable. Dans une autre séquence, Leonel erre seul dans la nuit de la Havane, sans Antuán, et semble en ressortir mûri, comme si il commençait à tracer son propre chemin.

Un film poignant et extrêmement maîtrisé que je regrette de ne pas avoir découvert en salle.

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