Murdered : Soul Suspect, l’Icarus du jeu vidéo

Lorsque l’on m’a vendu un mélange entre les enquêtes complexes de L.A Noire et l’ambiance effrayante de The Evil Within pour me parler de Murdered : Soul Suspect, j’ai vraiment cru que j’allais pouvoir l’intégrer à ma liste de jeux préférés de l’année. Durant mes huit courtes heures de jeu, j’ai réalisé que l’on m’avait à moitié menti. L’idée partait pourtant plutôt bien : vous incarnez Ronan O’Connor, un détective transformé en esprit juste après sa mort, et tentez de découvrir qui vous a tué. Sorti en 2014 sur PS3 et Xbox 360 puis sur la génération suivante, Murdered : Soul Suspect avait tout pour être un très bon jeu. Pourtant, à sa sortie, il a déçu le public (dont je fais partie). Si vous avez raté ce jeu, en voici le trailer : 

Une intrigue intéressante mais dont on devine rapidement la fin

L’histoire du jeu semble pourtant palpitante. On s’attend à une véritable course contre la montre pour trouver son assassin, pensant qu’il va faire des dizaines d’autres victimes. La vérité est qu’il attend sagement que vous effectuiez votre enquête. Mis à part ce meurtrier très conciliant, on peut tenter de trouver du réconfort dans l’intrigue (très) peu développée du décès de Julia, la femme du protagoniste. On ne parviendra malheureusement pas à s’attacher aux personnages secondaires comme par exemple Rex, le beau frère de Ronan, rongé par le deuil qu’il doit faire de sa sœur et du héros. Il pourrait nous attendrir, mais le jeu n’a manifestement pas le temps pour cela. Joy, une jeune fille avec qui vous ferez équipe pendant le jeu, semble être le seul personnage pour qui vous ressentirez de l’empathie. Elle est médium et peut donc entrer en contact avec les esprits, ce qui provoque chez ces derniers un besoin constant de la harceler. Au fil des heures, vous apprendrez à apprécier (ou supporter ?) cette adolescente rebelle et attachante, quoique très peu originale. 

Un système à énigme très bien amené

L’idée de faire participer le joueur dans la résolution de plusieurs énigmes (que ce soit pour la trame principale ou pour des objectifs secondaires) était plus que jouissive. Inspiré de L.A Noire, qui avait fait un carton pour cette exacte partie de son gameplay, il faut alors se servir de ses capacités de déduction pour discerner les indices des informations inutiles. En soi, le système marche très bien. L’interface avec les morceaux de verre reflétant une illustration de l’indice est plutôt jolie et assez facile à manipuler. Et j’apprécie tout particulièrement la façon dont on nous résume en détails chaque indice avant que l’on fasse un choix. Il est vrai que l’on oublie souvent de mémoriser l’intégralité des indices (surtout quand il y en a une vingtaine…). La façon dont on ramasse les indices n’est pas si dérangeante quoiqu’un peu “facile”. On utilise une vision transcendante à la vision d’aigle d’Assassin’s Creed, ce qui facilite un peu trop la recherche. Le seul vrai défaut que je trouve à son fonctionnement, c’est que les choix sont parfois étranges. Les solutions semblent parfois toutes vraies lorsqu’on veut répondre à une partie de l’énigme, et cela amène des échecs continus. En vérité, c’est frustrant, mais ça ne gâche pas tout non plus.

Un gameplay décevant mais pas catastrophique

On aurait pu alors se reposer une  mécanique de jeu plutôt originale : incarner un esprit à la troisième personne, totalement manipulable et libre. Bon, votre pouvoir de traverser les objets du « monde vivant » ne marche pas tout le temps. Certes. Mais vous découvrirez sûrement des petits plaisirs à pouvoir traverser des murs, des objets qui souvent vous posent problème dans votre (triste) vie de personne vi-van-te. Fini les obstacles frustrants ne vous permettant pas d’accéder à certaines zones, ici tout est traversable. Enfin… presque. Certains bâtiments vous seront interdits (car définis par des êtres vivants, donc considérés comme “étrangers” par les morts).  Malheureusement, le gameplay devient tout de suite plutôt restreint. Nous sommes limités aux rues, souvent très étroites. De plus, il existe également des obstacles (oui je vous ai menti) pour les esprits provenant du « monde des morts » (comme des maisons entièrement brûlées seulement visibles par les esprits). Même si le jeu tente d’apporter des innovations avec les quelques pouvoirs offerts au joueur, nous ne nous sentons pas « mort » pour autant. Un petit plus cependant pour les mécaniques de jeu apportées lors des interactions avec le partenaire, où le duo Ronan/Joy est particulièrement sympathique. Faire partie d’un duo dans un jeu vidéo est toujours un apport positif dans le gameplay, car il permet souvent de s’attacher davantage aux personnages. Du moins, cela m’a permis d’apprécier un peu plus Joy.

L’ambiance particulièrement terrifiante

Si je peux apporter un bon point, c’est que l’on ne m’a pas menti sur une chose : l’ambiance est vraiment effrayante. Les démons, principaux antagonistes du jeu, en sont l’illustration parfaite, en plus d’être sûrement l’un de mes pires cauchemars (avec les infirmières de Silent Hill). Même si l’infiltration laisse à désirer, les courses poursuites entre les démons et Ronan seront les moments les plus angoissants du jeu. Pour ce qui est de la musique, c’est moyen, mais acceptable quand l’on pense aux doublages français qui, eux, sont juste passables. L’atmosphère du jeu, en général, demeure angoissante à souhait. On est envahis par le stress lorsque la musique de poursuite se déclenche. L’ambiance nous laisse donc souvent avec une petite tachycardie. Pour l’ambiance de The Evil Within, c’est gagné. 

Légende : Une bonne dose de cauchemar pour la table 6 ! 

 Un peu trop excitée à l’idée de me promener en tant qu’esprit dans un monde de vivants, il est vrai que j’ai été assez déçue par le jeu. Il est difficile d’apprécier un jeu dont le gameplay peut frustrer, mais l’ensemble de Murdered : Soul Suspect ne perd pas tout le charme qu’il avait acquis dans la bande-annonce alléchante. Une expérience qui n’est pas particulièrement jouissive, surtout après les standards que j’avais placé relativement haut. Alors une déception certes, mais une déception que je ne regrette pas d’avoir vécue. Malgré un problème certain dans le gameplay un peu décevant, Murdered : Soul Suspect reste un jeu intriguant rien que par le principe même d’incarner un esprit et d’être à la recherche de son assassin. Ainsi, il s’agit tout de même d’un jeu à essayer si l’on veut sortir de sa zone de confort. 

Supertramp

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