Si vous aussi vous préférez la lumière des écrans à la lumière du soleil, cet article est pour vous. Les rédacteurs de l’Écran ont mis leurs plus belles lunettes de vue pour vous rencarder sur les petites pépites de l’été (ou du moins, les pépites qu’ils ont vues cet été).
Doc Aeryn – Fallet, 2018 (Netflix)
Assommée par la chaleur et puis par la pluie (merci le plat pays), je naviguais sans conviction sur Netflix un dimanche vers 15h, soit l’horaire parfait pour ne rien entreprendre. Question cruciale : que regarder ? Que regarder qui ne soit ni trop prise de tête, ni que mon cher et tendre veuille regarder aussi, ni trop long, ni… tiens, un titre étrange, “Fallet” ? Un acteur à la physionomie très très british ? 20 minutes par épisode ? Say no more !
Fallet donc est une mini-série suédoise de 8 épisodes dans le plus pure style des dramas nordiques. Le pitch tient dans un mouchoir de poche : le pire flic britannique et la pire flic de Suède se retrouvent à devoir travailler ensemble pour résoudre une série de crimes crapuleux au fin fond de la Suède.
Alors pourquoi regarder Fallet ? Cette série mélange parfaitement série policière et humour pince-sans-rire qui caractérise à la fois les productions british et nordiques. L’intrigue, tordue mais cohérente, se tient plutôt bien le long des 8 épisodes, les personnages sont attachants, drôles et parfois franchement stupides, ce qui n’enlève rien à notre plaisir. Fallet est l’exemple de séries qui montre qu’on peut être très drôle en faisant les choses très sérieusement. En effet, à aucun moment les personnages ne sont vraiment ridicules, ils sont juste… très moyens dans leur job ?
La série tient jusqu’à la résolution finale une ambiance poisseuse propice aux secrets et aux conjectures hasardeuses qui trouveront toutes leurs explications dans le dernier épisode.
Aussi, prenez un thé, un plaid, bref n’importe quoi qui rentre dans le thème du hygge, et binge-watchez ce petit bonbon télévisuel en une soirée.
Listener – Pourquoi ça vaut toujours le coup de regarder 24 aujourd’hui ?
Retour sur les saisons 1 à 3 de 24
Aaaah, l’été, coquillages et… 45 DEGRÉS AU SECOURS !!! Outre le fait que je suis morte trois fois pour cause de températures infernales, j’ai également pris le temps cet été de redécouvrir 24 (Robert Cochran, Joel Surnow, 2001-2010). C’est chez moi une tradition : pendant un ou deux mois, j’entretiens une relation exclusive avec une série. Cette année, dans un élan spontané et innocent, j’ai voulu revoir *juste le pilot* de 24. Un jour plus tard, j’enchainais compulsivement les derniers épisodes de la saison 1.
Premier constat : je suis épatée d’être encore à ce point sensible à l’efficacité de la série alors que…
1) je l’ai déjà vue !
2) je me souviens très bien des twists de la première saison !
3) elle est, soyons honnêtes, technologiquement et contextuellement datée…
Alors, pourquoi ça marche encore si bien 24 ?
Raison 1 : parce que son concept reste excellent et intemporel
S’il y en a encore qui n’ont aucune idée de quoi je parle, 24, avant d’être le récit d’agents fédéraux qui luttent contre des menaces terroristes, c’est surtout un concept. Une série écrite « en temps réel », dont une saison équivaut à une journée et un épisode à une heure. Imaginez à notre époque, alors que les services de streaming et les chaînes câblées font des saisons de 6-12 épisodes l’un des formats les plus vus, le tour de force que peut représenter une série à suspense efficace de 24 épisodes ! De 2001 !!!
Raison 2 : parce que sa première saison reste un modèle de construction
Le concept « en temps réel » impose nécessairement de s’appuyer sur une construction narrative hyper maîtrisée et pensée dans sa globalité en amont. La première saison est à ce titre une vraie prouesse d’écriture ! Constituée de deux arcs, avec intrigues et sous-intrigues interconnectées, ponctuée de twists réellement surprenants, dans une progression qui tient parfois à celle des plus grands récits conspirationnistes, bref, la recette est im-pla-ca-ble encore aujourd’hui. Bien entendu, l’énergie avec laquelle Kiefer Sutherland incarne Jack Bauer, dans cette sorte d’urgence permanence de l’action, y est également pour beaucoup.
Raison 3 : parce que Jack Bauer reste un grand personnage de série
Et oui, 24, c’est aussi Jack Bauer. LE héros de la série d’action, sans compromis et animé d’une seule motivation : empêcher la menace terroriste. À l’instar de grandes figures du cinéma d’action, Jack représente ainsi cette force vive et inarrêtable, telle qu’on le suit envers et contre tout. Soit un « type » de personnages plus rare de nos jours sur le petit écran.
Raison 4 : parce que c’est toujours intéressant de (re)voir une série 15 ans après sa diffusion
Je ne vais pas nier qu’il y a dans 24, et ce malgré toutes ses bonnes intentions, de quoi s’interroger sur sa manière d’intégrer la torture, entre autres, à son récit. Avec le recul, on prend ainsi de la distance vis-à-vis de ses compromissions avec la liberté journalistique, la transparence politique et les libertés citoyennes. De quoi repenser ces enjeux à l’aune de 2019 ! Sans compter que c’est aussi l’occasion de retracer l’impact des innovations technologiques : combien de situations dans la saison 1 auraient été différentes si les smartphones faisaient partie du quotidien ?
Bref, à l’ère de la peak tv (expression employée pour évoquer le “surnombre” de séries diffusées), j’espère vous avoir donné envie de donner sa chance à une « vieille » série, tout du moins à ses premières saisons ! Et bonne rentrée à vous !
THE WATCHER : L’éducation sentimentale ou Comment j’ai arrêté de m’en faire pour ma virilité et appris à aimer le féminisme via les séries de Jenji Kohan
Le calendrier des sorties Netflix a été mon principal directeur de temps de loisir pour la période estivale. Le hasard a fait qu’il m’a renvoyé mon histoire avec les femmes en pleine face. Netflix et relations sentimentales sont étroitement liés dans ma vie. Et le destin a voulu que ce soit à chaque fois avec des séries produites par Jenji Kohan, productrice spécialisée dans les séries féministes.
J’ai découvert le site avec ma première amoureuse, une américaine snob branchée healthy food ne supportant pas les activités de geek qui voulait me faire découvrir la série Weeds dans une tentative désespérée de trouver un truc à partager en dehors du lit. Weeds raconte l’histoire d’une veuve et de ses deux fils et la mère devient dealeuse d’herbe pour gagner sa vie après le décès du père d’un infarctus impromptu. Sorte de Breaking Bad féminin humoristique, la série traite également des difficultés d’être une mère célibataire, de la société patriarcale et de ses travers (Nancy, le personnage principal incarné par la délicieuse Mary-Louise Parker, n’avait jamais prévu de devoir travailler pour subvenir au besoin de sa famille) et de la libération sexuelle (Nancy est une dévoreuse d’hommes). En 8 saisons et 102 épisodes d’une trentaine de minutes, la série démonte de nombreux a priori sur les femmes sans jamais être moraliste ni agressivement militante. Le ton dans ses moments sérieux reste léger et l’on passe un excellent moment sans s’en rendre compte. Notre relation dura le temps de binge-watcher tout ça mais ça valait le coup.
Mon premier plan cul, une hippie bipolaire, bisexuelle, bipède et bizarre était folle d’Orange is the New Black, la série phare de la plateforme avec House of Cards sur le séjour en prison d’une américaine de la classe aisée suite à une erreur de jeunesse. L’univers carcéral la forcera à rencontrer, sympathiser avec ou affronter des femmes de milieux et nationalités très divers, chacune ayant droit tout au long des 7 saisons et 91 épisodes à son histoire fouillée et une vraie évolution. Clairement orientée LGBTQI+, c’est incontestablement la réussite critique et publique la plus importante de Netflix. La série s’est achevée le 26 juillet dernier, au moment où j’ai découvert le livre dont elle est l’adaptation dans une brocante. J’ai passé plus de temps sur le livre que sur la fille et j’ai achevé les deux en une semaine. Mais OITNB reste l’une des rares séries que j’ai suivie avec attention, dévorant les saisons dans le week-end de leur sortie.
La femme de ma vie, un mélange de perfection et d’excellence saupoudré de beauté avec des pépites de tendresse (tu peux me rendre le câble d’alimentation de la Playstation maintenant choupette ?), me suit dans pratiquement toutes mes activités et loisirs. Voulant lui faire découvrir le catch, j’ai eu la chance d’avoir la série Glow, débutée en 2017 pour lui faire appréhender l’univers chamarré du divertissement sportif. Gorgeous Lady Of Wrestling est le récit choral d’une actrice ratée, d’une ex-starlette de soap, d’un réalisateur de série Z d’horreur has-been et du fils héritier d’un empereur de l’alimentation qui vont monter une fédération féminine de catch dans les années 80 avec une bande de marginales. Plus joyeuse que Orange, la série en est la digne héritière dans sa structure (une ligne rouge pour les 12 épisodes entrecoupée de révélations sur le passée des personnages) profitant pleinement de l’excès et du too much des années Reagan et du catch pour dénoncer les injustices faites au femmes. On s’attache beaucoup à tout ce petit monde uni par les rêves brisés et le sentiment que ce n’est qu’ensemble qu’ils réussiront enfin à renverser la balance de la chance. Le duo Alison Brie, dont la voix n’est pas inconnue pour les fans de Bojack Horseman, et Marc Maron porte pour moi les meilleures séquences de ce show improbable qui DOIT avoir sa quatrième saison (la troisième sortie le 9 août se termine sur un cliffhanger insupportable).
Qu’un fanatique des films de Belmondo et Stallone comme moi ait comme séries préférées de ces 10 dernières années des séries qui parlent des problèmes des femmes, avec comme personnages masculins des bourreaux, des geôliers ou des loosers abusifs et des femmes en protagonistes doit vous donner une idée de la qualité d’écriture de ces productions. Alors jetez-vous dessus, parlez-en, tweetez-les, hashtaguez-les et faites-en sorte que ça continue.
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