Critique du film Atlantique

Atlantique, les amours impossibles sont universelles

ATLANTIQUE | 2019 – 1h45 | sortie en France : 2 octobre
Réalisatrice: Mati Diop
Scénario: Mati Diop et Olivier Demangel

Ada et Souleiman découvrent l’amour sur les chaleureuses plages de Dakar; les mêmes plages qui vont être témoins des dangers, de la magie et de la poésie entourant les amoureux qui habitent aux bords de l’Atlantique.

Le premier long-métrage de Mati Diop se révèle comme un conte engagé et fantaisiste. Utilisant le genre du « réalisme magique », elle et Olivier Demangel arrivent à nous raconter le typique bourgeois vs. ouvriers sans nous ennuyer. Cela grâce à une nuance de fantaisie, voire horreur, qui complète la formule avec succès et rend le film beaucoup plus intéressant et universel.

Reprenant le sujet de son tout premier court-métrage documentaire, la réalisatrice dessine un portrait du quotidien des sénégalais assez inconnu pour certains, ainsi que du destin de ceux qui décident de prendre la mer à la recherche d’un avenir meilleur. Dans ce film ni trop long ni trop court, les problèmes politiques et économiques du pays sont abordés subtilement; laissant une place plus importante aux expériences de vie et aux chagrins d’Ada (Mama SANÉ), une jeune femme coincée entre un mariage arrangé et un amour platonique.

L’histoire avance aux côtés d’une enquête policière menée par Issa (Amadou MBOW), de loin le meilleur acteur du film. Et c’est là qu’une atmosphère de mystère enveloppe le tout. La mise en scène suit remarquablement le récit avec une utilisation très intéressante de la nuit, du silence et des miroirs; ces derniers étant présentés comme une lunette qui apporte un regard vers l’au delà.

Toutes les répliques sont données en Wolof, la langue la plus courante au Sénégal. Cela donne une voix importante à l’idiosyncrasie (caractéristiques et manière d’être distinctive d’un individu ou d’un collectif) du peuple que la réalisatrice essaye de mettre en valeur. Néanmoins, cela n’empêche pas au spectateur de s’identifier car l’amour, la corruption et la magie sont des thèmes universels. On entend quand même plusieurs mots français par ci et par là, trace évidente de la francophonie encore vivante dans les pays africains. Mati Diop a obtenu pour cette pièce le Grand Prix du Jury dans le Festival de Cannes. Une preuve pour les nouveaux réalisateurs qu’avec un film bien équilibré, tous les prix sont possibles.

César

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