Au nom de la terre, le cinéma comme catharsis

Description : Au nom de la terre | 2019 – 1h43 | Sortie : 25 septembre.

Réalisateur: Édouard Bergeon. Scénario : Édouard Bergeon

Après ses études au pays des cow-boys, Pierre est rentré pour reprendre la ferme adorée de son père. Mais au fil des années, ce qui a été une passion autrefois devient un métier lassant. Est-ce que la détermination et l’amour pourront redonner d’espoir à Pierre et sa famille ?

Bien que ce soit son premier film de fiction, l’esprit documentariste d’Édouard Bergeon transparaît sous tous les angles. Les animaux, les tracteurs, les rendez-vous à la banque, les chevauchées, les beaux paysages et les tâches répétitives se succèdent pour encadrer, en « HD » et sur grand écran, les moments de bonheur comme ceux de malheur du quotidien d’une famille d’agriculteurs modernes.

La manière dont le réalisateur nous montre la joie et les risques du métier traversent l’écran facilement pour nous donner la sensation d’être sur place. Sans avoir besoin d’une salle 4DX, il nous fait respirer les nuages de poussière pendant la récolte de blé, subir la chaleur pénétrante de l’été, et même tâter la tension dans l’air quand une famille aborde un sujet sensible. C’est un professionnel du réalisme, à tel point que même pour sa première production non documentaire, il réalise une catharsis en racontant la vie de son père. Une histoire si rude que ce n’est pas étonnant que l’affiche n’indique pas le traditionnel « d’après une histoire réelle ». 


Guillaume Canet fait un travail magnifique dans le rôle de Pierre Jarjeau. Car le personnage est comme un ange déchu, qui se débat entre un passé de lumière et un futur submergé dans l’ombre. Canet réussit une performance très convaincante, notamment quand la transition entre ces deux états se produit, le moment le plus intéressant du film. De plus, il donne comme une force supplémentaire à ses collègues quand les scènes les plus dures arrivent.

Le long-métrage arrive à s’incruster étonnamment dans nos têtes à cause de sa fin. Pourtant, ça reste quelque chose d’intéressant à regarder plutôt pour ceux qui aiment le cinéma d’auteur, les propos hyper-réalistes et les messages engagés. Pour le reste du public, il ne faut surtout pas s’attendre à une histoire pleine d’espoir et de bonheur campagnard, car ici les malheureuses anecdotes du réalisateur servent de prétexte pour faire une critique profonde de la situation actuelle des agriculteurs en France, et peut-être dans le monde entier. 

César Noguera Guijarro

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