Guy Bedos est mort. L’humoriste grinçant, le comédien engagé est décédé. Il a cessé d’être 4 jours après son ami, parolier, auteur, scénariste et parrain de son fils Nicolas, Jean-Loup Dabadie.
Né le 15 juin 1934 à Alger, sa conscience politique de gauche humaniste se forge dans un foyer violent raciste et antisémite où sa mère, battue par son beau père et pétainiste jusqu’à la mort, se venge sur lui. Quittant l’alors colonie en 1949, il rejoint à 17 ans l’école de la rue Blanche, l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre où il sera membre d’une fameuse bande qui formera l’essentiel du cinéma français des années 60, 70, 80 : Jean-Paul Belmondo (une amitié qui ne s’arrêtera jamais), Pierre Vannier, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Michel Beaune, Bruno Cremer, Claude Rich…
Si son âge d’or se trouve sous le règne de Giscard puis de Mitterrand essentiellement en tant que comique, il lui arrive de jouer au cinéma. C’est notamment avec Yves Robert, monument de la comédie française cinématographique, qu’il réalise ses meilleures performances devant la caméra avec Un Éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis en 1976 et 1977 tous deux scénarisés par Jean-Loup Dabadie qui souhaitait “faire un film avec de bons acteurs avec lesquels on aime manger, rigoler.” par opposition au triomphe des “acteurs patrons” à la Delon, Belmondo et de Funès qui monopolisaient le succès à l’époque et pouvaient se montrer intransigeants sur un tournage. Carton au box office et critique (nominations aux Césars pour le scénario et obtention par Claude Brasseur de celui du Meilleur Acteur dans un Second Rôle pour ce qui était l’une des premières représentations d’un homosexuel non caricaturales). C’est néanmoins sur les planches qu’il poursuit le reste de sa carrière notamment dans les textes de son fils Nicolas.
On notera toutefois l’exception notable de La Jungle en 2006, premier film des auteurs du futur succès Le Prénom en 2012 Matthieu Delaporte et Alexandre de la Pattelière, et de Et si on vivait tous ensemble en 2012 ainsi surtout que le rôle, trop court mais touchant du père nourricier d’Arthur dans Kaamelott. Une probable référence subtile d’Astier, jamais à court de rôle pour de grands comédiens de théâtre, à celui qui fut, en 2008, professeur au Conservatoire Nationale d’Art Dramatique de cours de “solitude de l’acteur”.