Fahim | 2019 – 1h47 | Sortie en France : 16 octobre
Réalisateur: Pierre-François Martin-Laval
Scénario: Pierre-François Martin-Laval
Fahim est un garçon heureux et innocent qui devient un tigre du Bengale quand il a un échiquier devant lui. Malheureusement, sa réputation de génie devient un problème dans son natal et tumultueux Bangladesh. Avec son père, il viendra en France à la recherche de stabilité, mais aussi de gloire.
Ce nom vous dit quelque chose peut-être ? Ce n’est pas étonnant. Ce film raconte la vraie histoire de Fahim Mohammad, champion de France des moins de 12 ans en 2012, champion du monde scolaire des moins de 13 ans en 2013 et connu comme « le petit roi des échecs clandestin ». Cette fois, son histoire sert de prétexte pour que le réalisateur puisse dessiner un portrait réaliste de la situation migratoire en France. Et c’est quand même un tableau très réussi, car Pierre-François Martin-Laval arrive à montrer, avec beaucoup de couleurs et une beauté épatante, la pauvreté, la surpopulation, la chaleur, le froid et le besoin de la première à la dernière minute.
C’est possiblement parce que je suis migrant moi-même que la façon de raconter cette histoire m’a touché. Pourtant, le film s’adresse particulièrement aux français. Pour qu’ils constatent l’état de leur propre pays et pour les encourager à réfléchir à la relation citoyen/migrant. Cependant, il est vrai que venant d’un pays avec des problèmes politiques et économiques graves, je me suis identifié avec plusieurs épisodes de la vie du héros. Parce que dans ce format, le petit Fahim est véritablement un héros. Un héros qui surmonte des péripéties, qui apprend de ses erreurs et qui garde sa meilleure carte pour le combat final. Un vrai Karate Kid (John G. Avildsen, 1984) des échecs.
L’équipe de production et de casting mérite aussi un bon pourcentage des compliments, car le choix des comédiens a été tout un exploit autant chez les consacrés que chez les petits. Une distribution qui comprend Gérard Depardieu, Isabelle Nanty et le même Pierre-François Martin-Laval est déjà un coup sûr. Mais ce sont surtout les inconnus qui donnent à ce film sa sensation d’exotisme et sympathie. Des grandes félicitations donc à Ahmed Assad (Fahim), Mizanur Rahaman (Nura, le père) et à tous les enfants qui ont brillé devant la caméra.
Dans un pays où la réception de migrants fait partie de l’histoire, et aussi de l’actualité, il en faut plus d’histoires comme celle là. Notre société a besoin d’avoir tous les points de vue possibles pour que chacun puisse se forger le sien. Et le cinéma est la plateforme parfaite, il faut juste faire comme Fahim: avoir du coeur, de la beauté, et des témoignages réels, rudes, mais optimistes aussi.
César
[…] Article publié originalement sur le site de l’Association L’Ecran. […]