Idol – Lee Su-Jin – March 20, 2019 – 144 minutes – Thriller/ drama.
Idol raconte l’histoire de Koo Myung-Hui, politicien en vue en Corée du Sud. Sa carrière se voit mise en danger par un délit de fuite commis par son fils, ayant mené à la mort d’un jeune homme. Torturé entre vengeance et pardon, le père de la victime, Yoo Joong-sik, part à la recherche de sa belle-fille, présente pendant l’accident, mais portée disparue depuis…
Ce synopsis très imparfait ne rend compte que d’une toute petite partie de ce qu’est en réalité l’intrigue d’Idol. Oscillant entre thriller politique et drame familial (encore un), on suit tour à tour les manigances de Koo Myung-Hui pour sauver sa carrière – parfois au détriment de la loi -, la quête de justice de Yoo Joong-Sik, conscient malgré tout de l’inéluctabilité de son destin – une chamane lui aurait ainsi prédit qu’il décapiterait un roi… – et enfin Ryun-Hwa, la belle-fille de Joong-Sik, troisième protagoniste de cette tragédie en cinq actes.
Car oui, le film est une tragédie au sens fort du terme : provoquant pitié et terreur chez le spectateur, fatum des uns, hubris des autres… et la mort, bien sûr, omniprésente, menaçante, réelle. Rien ne semble pouvoir sauver les protagonistes et la malédiction initiale se réalisera. Malheureusement, la narration n’arrive pas à suivre les ambitions portées par le film.
Le film souffre de longueurs certaines et le sujet, très sérieux, voire dramatique à certains moments – les toutes premières lignes de dialogues du film restent encore gravées dans ma mémoire -, est délayé dans de multiples sous-intrigues qui mériteraient un arc entier, impossibles à traiter dans un film déjà long. L’intrigue principale aurait méritée d’être un peu plus resserrée, perdant le spectateur au lieu de lui permettre de mieux saisir tous les enjeux à l’instar de Dark Figure of Crime, vu l’an dernier à ce même festival. La narration, en donnant successivement de l’importance à différents personnages de l’intrigue, tend à perdre le spectateur. On a ainsi du mal à saisir toutes les motivations des personnages tant elles sont multiples et complexes (et parfois balancées au visage du spectateurs un peu au dernier moment…)
Empruntant au film noir, la photographie et la musique accompagnent le spectateur dans une lente descente aux enfers, dans des paysages brumeux, impersonnels en ville, glaçants et mystérieux en dehors. Rien n’est certain ou rassurant dans le monde d’Idol, tout est sujet aux volte-face et au danger permanent.
Jamais ronronnante, la réalisation ne choisit pas la facilité, parfois au détriment de la compréhension globale. Le film est beau, pertinent dans sa dépiction du réel où chacun court après sa survie, au sens littéral comme au figuré.
Idol est ainsi l’exemple du film où le réalisateur semble avoir eu beaucoup, beaucoup, mais vraiment beaucoup de choses à dire. J’aurais adoré voir ce film déplier son intrigue sur 4 ou 6 épisodes de 50 minutes, ce qui aurait laissé plus de temps pour digérer toutes les informations et les enjeux du film, rendant le twist final un peu moins déroutant. Ma plus grande frustration concerne le personnage de Ryun-Hwa qui arrive trop tard dans l’intrigue et dont le passé joue un rôle capital dans le film. Mais ce même passé ne sera que peu expliqué et il vous faudra vous-même colmater les blancs. C’est typiquement le genre de passage que j’aimerais voir étaler sur tout un épisode dédié au personnage…
Si vous êtes amateur de films noirs, je vous recommande quand même ce film qui saura vous accrocher par ses retournements retors et ses personnages torturés. Pour le reste, vous risquez de rester sur votre faim, pire, d’avoir l’impression d’être un peu idiot en sortant, comme si quelque chose de l’intrigue vous avait échappé…
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