The Foul King – Kim Jee-woon, 2000, 112 minutes, Corée du Sud
Avec : Song Kang-ho, Kim Su-ro, Jang Jin-yeong
Il y a peu de films sur le catch et The Foul King fait partie des encore plus rares excellents films sur le catch dans l’espace asiatique. Le catch est apparu en Corée et au Japon durant la guerre de Corée où la culture américaine s’est implantée dans le pays. Adaptée aux codes de la culture locale, la lutte professionnelle est devenue, au fil des années, un véritable phénomène de société grâce à des homme d’exception comme Rikidozan ou Antonio Inoki.
The Foul King raconte l’histoire de Im Dae-ho, un employé de banque célibataire qui partage son quotidien avec son père dans leur maison familiale. Im Dae-ho est l’archétype de l’employé moyen : systématiquement en retard, peu concerné par son travail, il rêve d’une autre vie. Molesté par son patron, ce dernier ne jurant que par la loi de la jungle (soit une vision bien malaisante de la masculinité). Dae-ho est désespéré, jusqu’au jour où il décide de passer la porte d’une salle d’entraînement de lutteurs professionnels.
Derrière l’histoire assez classique d’un homme banal rêvant de sensations fortes, le film retranscrit plutôt bien l’univers du catch mais surtout l’amour du réalisateur pour son sujet : les magouilles, les prises, les rivalités construites de toutes pièces, l’entraînement. C’est également l’occasion d’admirer du catch sous tous les angles, magnifiquement filmé par une caméra pouvant se permettre d’être dans le ring.
La performance d’acteur mais aussi physique de Song Kang-ho (que vous avez pu voir dans l’intégralité des succès mondiaux du cinéma coréen de ces 20 dernière années : Sympathy for Mister Vengeance, Memories of Murder, The Host, Snowpiercer, Le Transperceneige, Parasite…). est impressionnante, à la fois drôle, touchante et parfaitement crédible sur le ring.
Le titre du film, The Foul King, fait référence au nom de catcheur personnage principal, soit “le roi fourbe” : en effet l’avatar catchesque de Dae-ho consiste à tricher perpétuellement contre ses adversaires. Une importance toute particulière est donnée aux masques : à la fois accessoire de catch traditionnel (notamment en Asie et au Mexique), souvenir des heures de gloires du coach, mais aussi seul moyen pour Dae-ho de montrer ses sentiments, et pour finalement se montrer tel qu’il est, à son père, à la femme qu’il aime et à ses amis. Ainsi, le film, au delà de son sujet premier, parle aussi d’une quête d’identité, que Dae-ho trouvera dans sur les rings. Le film peut aussi être vu comme une réflexion sur les injonctions à la masculinité de la société. Dae-ho, qui est montré au début du film comme une victime et même comme un enfant, trouvera dans le catch le moyen de se révéler en tant qu’être humain à part entière en s’émancipant des figures paternelles castratrices qui l’entourent.
The Foul King est un film surprenant par le choix de son sujet mais également son traitement. Les amateurs de catch y trouveront bien sûr leur compte mais les autres spectateurs ne sont pas pour autant laissés sur la touche, car comme toujours, derrière l’histoire d’un catcheur, il s’agit d’en raconter une autre. Pour aller plus loin, un bon complément à ce film est celui sur Rikidozan, qui permet de comprendre à travers ce sport les relations compliquées entre le Japon et la Corée.
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