Critique (14)

Knock at the Cabin : l’apocalypse entre avec fracas

C’est Halloween et c’est très chouette parce que c’est la spooky season, celle où l’on joue à se faire peur en mattant des films d’horreur. Alors, j’ai regardé quelques films sur Netflix, notamment Jeu intérieur

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(Greg Jardin, 2024), mais malgré une idée de départ plutôt originale, je n’ai pas choisi ce film, car il a fallu que je revoie la bande-annonce 1 semaine plus tard pour me souvenir que je l’avais vu. Il est très prévisible, et un peu trop dans le stéréotype des films d’horreur à l’américaine. J’ai aussi vu un film de zombies philippin, Outside (Carlo Ledesma, 2024) : pour le coup il était vraiment hors du cliché habituel des films du genre et j’ai trouvé l’approche très intéressante, mais j’ai parfois eu du mal avec le jeu d’acteur un brin trop théâtral. Cela dit, pour voir un film de zombies atypique, je vous le conseille. Même si ça n’est toujours pas le film que j’ai choisi. Pour écrire une critique plus structurée, j’ai préféré une œuvre plus attrayante à mon sens, même si la date de sortie est moins récente.

Knock at the Cabin se déroule en huis clos. Comme son titre l’indique, l’intrigue prend place dans un genre de cabane et pour les besoins scénaristiques, elle est perdue au milieu des bois. Attention, ce n’est pas le cabanon construit avec 4 planches et 3 clous, fait quand on avait 8 ans comme on le connaît en France, c’est un peu plus cosy. Digression terminée ! Une famille se retrouve séquestrée dans ce bâtiment supposé être leur lieu de vacances, par 4 personnes arrivant de nulle part et leur annonçant la fin du monde, en leur donnant comme unique solution le sacrifice de l’un d’eux pour que l’humanité puisse survivre. De là, débute une sorte de quête où les 4 intrus doivent convaincre la famille par tous les moyens en leur possession, même les plus violents, que ce qu’ils disent n’est pas la lubie d’une secte de fanatiques.

Le jeu d’acteur 

Il faut savoir que je n’aime pas du tout le jeu d’acteur de Dave Bautista, à mon sens, il aurait dû rester dans le milieu du catch d’où il vient. Je ne l’aime pas dans Dune, ni dans Glass Onion, je l’ai trouvé carrément pas convaincant dans le film Army of the Dead, surtout dans l’une des séquences émotion du film qui a eu l’audace d’être gardée au montage. Je n’ai pas été conquise plus que ça par son personnage dans Les Gardiens de la Galaxie (même si jusque là je me disais que c’était sûrement le rôle qui lui allait le mieux) – en gros tous les films dans lesquels je le voyais, je me demandais pourquoi il avait été casté. Mais là, il s’en sort assez bien, j’étais plutôt étonnée à la fin, car je ne me suis pas sentie sortir de l’histoire du fait de sa présence à l’écran et ça c’est une très grande nouvelle : j’ai enfin découvert un film dans lequel il ne joue pas mal ! (Mes excuses à celles et ceux qui admirent cet acteur). 

Le reste du casting est plutôt bon, avec notamment Rupert Grint dont le personnage n’a malheureusement pas la chance de rester très longtemps à l’écran. Les quatre intrus sont très bien écrits et leurs interprètes sont au poil. Mention spéciale aussi pour l’actrice (Kristen Cui) qui incarne Wen, la petite fille de la famille : elle est très juste et attachante. On arrive à bien recevoir les émotions qu’elle veut nous transmettre. En sachant que c’est son premier rôle dans un film, elle ne commence pas si mal. Je suis légèrement moins convaincue par la prestation qu’offrent les comédiens qui jouent les parents (Jonathan Groff, Ben Aldridge) que je trouve un peu bancale à certains moments, notamment sur certaines scènes de flash-back et sur le final.

La famille séquestréeCrédit IMDB

Et sinon, pour le reste du film ? 

En soi, ce n’est pas le meilleur du réalisateur, même s’il est plutôt OK. Il revient sur une ambiance qu’il a déjà pu traiter dans d’autres films : celle de la fin de l’humanité. Malgré le huis clos, le rythme est assez bien maîtrisé pour qu’on ne s’ennuie pas, et le scénario tient la route. Il est esthétiquement réussi, le décor forestier permet de très jolis plans presque mystiques parfois. Petit bémol sur certains effets spéciaux que j’ai trouvé cheap, ça aurait pu être mieux fait, surtout avec les moyens d’aujourd’hui.

Ça n’est pas le premier huis clos de M. Night Shyamalan, puisqu’il avait réalisé Devil dans l’espace bien plus restreint d’un ascenseur, un film que j’avais trouvé bien mené aussi. Et puis, on retrouve les sujets de prédilection du réalisateur : l’amour (ici romantique et familial), la foi, ou bien le héros qui ne sait pas encore qu’il en est un.

Étrangement pondéré

Pour un film sur le thème de l’apocalypse, il est presque épuré. Les séquences mettant en scène une potentielle fin du monde se distillent à travers l’œuvre et ne sont qu’un prétexte pour dérouler les autres thèmes. Le film s’apparente bien au genre de l’horreur car l’angoisse est effectivement présente tout le long, et il y a des scènes de violence explicites mais qui ne sont pas toujours montrées de manière brute et gore. Parfois, c’est par les sons que l’on devine ce qu’il se passe, alors que la caméra sort de la cabane pour protéger notre regard. 

La touche fantastique, dont le réalisateur a fait l’une de ses marques de fabrique, est bien dosée, et ici, vous l’aurez compris, c’est le mythe judéo-chrétien autour de l’Apocalypse qui se dessine en toile de fond. On devine assez facilement à quoi font référence les 4 intrus (spoiler : aux Cavaliers de l’Apocalypse) et j’ai lu des critiques à ce sujet disant que ça n’était pas assez subtilement amené. Mais personnellement je n’ai pas trouvé que c’était problématique. Au final, le film se partage plutôt bien entre des scènes de dialogue destinées à convaincre les séquestrés (mais aussi les spectateurs et spectatrices) et les scènes d’action.

Nos 4 indésirables se présentant à la familleCrédit IMDB

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Le film dure 1h40, il est parfait pour frissonner et avoir quelques émotions à Halloween, et c’est une bonne entrée en matière si l’on veut effleurer l’univers de M. Night Shyamalan. Mais il a très clairement de meilleurs films à proposer, tels que Split, Signes ou le classique Sixième Sens.

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