Rencontre publique avec le réalisateur Kanwal Sethi, à propos du film Once Again (2018) diffusé au Festival des Cinémas Indiens de Toulouse.

Lors de la septième édition du Festival des Cinémas Indiens de Toulouse, je me suis rendue à l’institut Goethe où était projeté Once Again, un drame romantique hindi qui raconte la relation que tissent une restauratrice veuve et un acteur de cinéma célèbre et solitaire dans la mégalopole de Bombay, via des conversations téléphoniques. Un film qui m’a beaucoup plu : très poétique, émouvant et esthétiquement très réussi.

La projection de ce film, suivie de cette rencontre avec le public ont, en plus, été pour moi l’occasion d’en connaître plus sur la culture indienne, mais aussi sur la diversité des films indiens. Le public a pu échanger à propos de ces sujets avec le réalisateur Kanwal Sethi (avec l’aide d’une des personnes du festival qui a pu traduire de l’allemand au français), mais aussi avec Frédérique Bianchi, la présidente du festival. Je remercie donc les personnes du public qui ont posé ces questions et nous permettent d’en savoir plus sur ces différents sujets.

(crédit : L’écran)

Quelle est la diffusion de votre film en Inde ? *

Kanwal Sethi : Il est sorti il y a 8 mois, et il a eu un très bon accueil autant de la part du public que de la part des critiques.

Frédérique Bianchi : C’est vraiment aussi une tendance internationale avec le fonctionnement de la page Facebook où le film reçoit une critique favorable.

Y a t-il d’autre pays à l’international qui diffusent le film ?

Kanwal Sethi : Ça a d’abord été diffusé sur Netflix, et ensuite dans les grandes salles des grandes villes.

Frédérique Bianchi : Dans le fonctionnement de l’industrie cinématographique indienne, les films ne circulent pas forcément dans le pays entier mais dans le bassin linguistique dont ils proviennent. Le film va sortir, en Allemagne, en Autriche et en France. Le film va aussi être diffusé aux USA.

Quelle est la symbolique et l’importance de la nourriture dans le film ? *

Kanwal Sethi : C’est vrai qu’il y a beaucoup de choses qui se passent autour de la nourriture dans ce film. Mais pour moi c’était seulement un déclencheur qui permettait de lier, de faire l’intrigue. Moins quelque chose auquel j’ai consacré beaucoup d’attention. Dans ce film, c’est la nourriture qui symbolise la terre, elle (la veuve) a les pieds sur terre et elle se débat avec des choses concrètes. Alors que lui (l’acteur célèbre), il est dans l’abstrait, dans le monde des idées et dans tout ce qui peut être philosophique. Mais elle est liée à ce qui a du poids, à ce qui ramène à la terre.

La différence de classes des deux personnages a-t-elle une importance primordiale ?

Kanwal Sethi : Ça souligne le côté féérique et le côté conte du film. Et surtout c’est quelque chose de possible en Inde, ça peut se produire. Ce qui traverse tout, même les classes, c’est la solitude. Quelle que soit notre position dans la société, ce qui reste c’est la solitude. Et ça me tenait à cœur de montrer qu’il était possible de se retrouver grâce à cette même solitude.

Au sujet du casting : les acteurs sont-ils des professionnels ou est-ce qu’ils débutent dans ce film ?

Kanwal Sethi : Au départ le casting n’était pas celui-là. Mais très vite ça s’est fait autour de ces deux acteurs qui sont effectivement très connus, qu’on a approché et qui ont dit « oui ». Ils étaient pris par le scénario et avaient envie de tourner avec moi, et ça s’est fait comme ça, avec l’expérience que nous avons chacun.

Il y a, en Inde, plusieurs pôles cinématographiques (il y en a environ 13), est-ce que chaque type de cinéma a une spécificité ? *

Kanwal Sethi : L’industrie cinématographique la plus présente, c’est vraiment Mumbai, la capitale (Bombay en français, donc le cinéma de Bollywood). Après il y a tout ce qui remonte vers le Nord, principalement des films hindis liés à Bollywood. Sur Calcutta, ça sera tourné vers le régional, et dans le Sud de l’Inde, il y a plusieurs endroits mais qui ont un rayonnement régional principalement.

Frédérique Bianchi  : Il y a effectivement plusieurs industries. L’industrie en langue hindi est souvent présentée comme une industrie nationale et les autres comme régionales. Mais les autres industries ne se considèrent pas du tout comme régionales. Pour chacune des industries, il y a un cinéma grand public et des cinémas un peu plus intermédiaires, d’auteurs etc. En chiffres, il y a deux gros pôles de production : ça va être Bombay qui va couvrir le bassin linguistique hindi et la partie Tamil Nadu avec Chennai. Mais vous aurez plein de particularités si vous êtes à Bombay. Vous aurez une partie de la production en langue hindi, et vous avez une autre cinématographie qui est propre à cet État dont la langue n’est pas du tout le hindi mais le marathi. Mais tout ça c’est un très vaste sujet.

Le film est-il une coproduction ? *

Kanwal Sethi : C’est un film indien, mais il y a une coproduction avec l’Autriche et l’Allemagne. Et c’est pour ça qu’il sort dans ces pays-là.

Comment êtes-vous devenu cinéaste ? *

Kanwal Sethi : J’ai toujours voulu le faire !

Frédérique Bianchi : Il a déjà fait un premier film qui ne se passe pas en Inde, il se passe en Allemagne. Il est sur la rencontre entre un migrant qui veut s’installer en Allemagne et une personne de nationalité allemande qui, elle, cherche à partir. Donc il a déjà fait un premier film qui n’est pas du tout catégorisable en film hindi ou indien.

Lilith

*Questions posées par les personnes présentes lors de la rencontre avec le public.

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