TGS 2018 : Interview de Marc Frachet

L’Écran : Bonjour Marc Frachet, présentez-vous en quelques mots.

Marc Frachet : Bonjour, je m’appelle Marc Frachet, et j’ai 20 ans d’âge mental, plus 28 ans d’expérience. Je suis auteur, notamment d’InCarnatis, tout un univers de science-fiction, fantastique et fantasy.

É : Enchantés, merci de nous accorder cette interview. Expliquez-nous un peu ce qu’est InCarnatis.

M. F. : C’est une vraie démarche d’auteur. J’avais 17 ans, donc c’était hier, et à l’époque j’ai découvert le jeu de rôles et je me suis dit « c’est génial, on peut modéliser, créer un monde et le faire vivre avec des personnages et des histoires », et du coup je me suis lancé, en bon ado, pour refaire le monde. Le monde étant un peu grand, cela a pris du temps, et ça s’est soldé au final par cet univers : InCarnatis.

Concrètement on est sur Terre au 24e siècle, et depuis cette époque-là on va progressivement découvrir l’histoire secrète de l’humanité, plonger dans ses secrets, et découvrir que depuis la nuit des temps il y a des sociétés secrètes qui détiennent des pouvoirs paranormaux. On appelle ça la science arcanique, c’est une forme de magie. Ces sociétés secrètes s’affrontent et cela a une incidence sur notre histoire. Donc depuis le futur du 24e siècle, époque à laquelle se situe la trilogie de romans transmédia, on va remonter bien loin dans le temps, jusqu’à la Préhistoire carrément, découvrir les origines de cet affrontement qui dure encore aujourd’hui et se poursuit dans le futur.

Ça c’est la démarche et l’univers, et c’est à découvrir dans une première réalisation qui s’apelle InCarnatis, la Vénus d’Emerae. C’est une trilogie de romans transmédia dont le premier volume est Le Retour d’Ethelior, qui est paru il y a un peu plus de deux ans maintenant. Il est suivi de son petit frère, La Prophétie, qui précède le dernier qui arrivera en octobre prochain. Il s’appellera La Bataille d’El Razel, qui viendra clore cette première trilogie. On va suivre les aventures d’un jeune homme qui s’appelle Yarel Grinh, que l’on découvre enfant, et qui vit dans un aéroplaneur avec sa famille qui fait du commerce dans le monde entier. À un moment donné, ils vont se retrouver confrontés à une nouvelle forme d’obscurantisme se développant à l’époque qui s’appelle le Technofachisme, une menace imminente contre laquelle notre héros Yarel va entrer dans une grande quête initiatique. Mais je ne vous en dis pas plus…

É : Vous avez employé le terme « transmédia », pouvez-vous nous décrire un peu ce concept, et nous expliquer en quoi la trilogie InCarnatis constitue une œuvre transmédia ?

M. F. : Alors « transmédia », c’est un terme un peu barbare. Moi, il y a déjà 20 ans, j’appelais cela « intermédia », puis il a fallu qu’un américain invente le terme « transmédia » pour que quelques années après ce soit repris en France. L’idée est avant tout de concentrer les médias pour raconter une histoire et favoriser l’immersion du lecteur. Donc concrètement, vous avez un livre tout à fait normal en main avec des mots imprimés qui racontent une histoire, et d’ailleurs vous pouvez vous contenter du texte car c’est un livre avant tout. Et la subtilité, c’est qu’en cours de route on va pouvoir accéder à des médias additionnels, au fil des pages, très simplement, en scannant des QR codes. Donc on peut le lire normalement, on comprend tout. Mais si on scanne, on va avoir accès en plus à des récits audio, dans lesquels on retrouve les voix de comédiens que vous connaissez sûrement, comme la voix française d’Eva Longoria jouée par Odile Schmitt, dans le tome 2 la voix française de Samuel L. Jackson jouée par Thierry Desroses. On va retrouver aussi Benoît Allemane qui est la voix française de Morgan Freeman, ou Stéphane Pouplard qui fait du doublage dans de nombreuses séries et films. On va trouver aussi la voix d’un jeune chanteur, Julien Escalas dit Le Mago, que vous connaissez peut-être par ses activités de musicien avec Magoyond ou le Naheulband. Et on a aussi dans le tome 2 un méchant qui s’appelle Tara Nex, le chef du Technofascisme sur Terre au 24e Siècle, qui est incarné par quelqu’un de très étonnant : Francis Lalanne. Il nous a livré une interprétation absolument fabuleuse, on ne le reconnaît pas, il est flippant !

É : Intéressant, l’idée est originale ! Aviez-vous la main sur le casting vocal ?

M. F. : J’ai totalement la main, modulé au fait qu’ils acceptent ! La première personne qu’on a rencontré c’est Stéphane Pouplard, après on est allés voir Odile Schmitt, on lui a expliqué et elle a dit : « Super ! ». Pour Benoît Allemane on nous a dit « vous êtes fous, il n’acceptera jamais ! », et puis comme souvent dans la vie il suffit de demander pour que les gens disent oui. Et d’ailleurs la première fois que je l’ai appelé il partait en vacances avec sa femme, et ils se sont arrêtés une heure et demie sur le bas-côté pour discuter avec moi, ce qui est absolument génial quoi ! Benoît, Odile et Stéphane sont des gens extraordinaires qui ont le cœur sur la main et ils ont donc accepté, ce qui est génial. Un jour en faisant une nouvelle prise avec Odile Schmitt, on a rencontré par le plus grand des hasards Thierry Desroses. À l’époque j’avais juste un prototype du livre, je lui explique et il me dit : « Je veux être de l’aventure ! ». Je luis dis : « Pourquoi pas, il faut que j’y réfléchisse », parce qu’avec cette voix-là on ne lui fait pas juste ouvrir la porte ou servir le café ! Du coup j’ai cogité pendant deux ans, je peux être un peu lent parfois, pour trouver le personnage qu’il allait incarner. Donc en fait j’ai créé un personnage spécialement pour lui, que l’on va retrouver à plusieurs reprises dans l’univers. Donc c’est de la création sur mesure et ça continue d’ailleurs un peu comme ça. Francis Lalanne par exemple, on l’a rencontré au Salon Livre Paris, on a été voisins de stand pendant cinq jours, du coup forcément on a été amenés à discuter et à échanger. Lui faisait de la poésie, moi je suis poète mais dans un autre genre, et en fait il est tombé amoureux du projet, m’a-t-il dit, et puis il a eu envie de faire la voix de Tara Nex. Il est passé par une étape de casting avec d’autres personnes, ce qui nous a permis de faire remonter entre autres personnes Julien Escalas. Mais d’ores et déjà dès le casting il nous a livré une performance incroyable, qui nous a encore plus scotchés en studio. Et l’aventure continue aussi puisque dans le tome 3 on va avoir l’arrivée d’une nouvelle voix, que j’adore, c’est celle de Patrick Poivey. C’est la voix française de Bruce Willis. Patrick il est génial, c’est quasiment sa vraie voix dans la vie, c’est étonnant. On aura probablement l’arrivée d’une autre voix célèbre, mais ce n’est pas confirmé pour le moment.

É : Ça doit être génial pour vous en tant qu’auteur de voir vos textes et vos personnages prendre vie par la voix de ces doubleurs d’exception, non ?

M. F. : C’est fabuleux. En fait ils apportent une strate supplémentaire aux personnages, que j’aurais été bien incapable d’écrire, en fait. Je vois Tara Nex et la façon dont Francis Lalanne le joue, je ne pense pas que j’aurais pu mettre ça par écrit pour qu’on le sente de cette façon-là. Cela donne vraiment une dimension supplémentaire !

É : Savez-vous s’il avait déjà fait du doublage avant InCarnatis ?

M. F. : Oui, Francis il a 60 ans, dont 40 ans de carrière, il a fait le Conservatoire à Marseille, il a joué dans des films et il a aussi fait du doublage. C’est lui qui faisait Quasimodo dans Le Bossu de Notre-Dame (Gary Trousdale, Kirk Wise, 1996) pour Disney, notamment. Il a fait d’autres voix dans différents films (NDLR : ô surprise, il double le tueur en série Francis Dolarhyde dans « Dragon Rouge » de Brett Ratner, 2002). C’est un artiste étonnant, aux mille facettes, et quelqu’un d’extrêmement généreux humainement, adorable. Il est très simple et abordable, c’est un plaisir d’être entouré de gens pareils pour ce projet. D’autant plus qu’Odile Schmitt connaissait Francis Lalanne, puisqu’ils se sont connus il y a 40 ans quand il débutait et n’avait pas d’endroit où dormir. Il se sont retrouvés ici lors de ce salon sur le stand InCarnatis, alors que cela faisait 40 ans qu’ils ne s’étaient pas vus, c’est génial ! Odile, Thierry Desroses et Benoît Allemane se connaissent très bien. Ils interviennent ensemble dans des films ou autres, mais en fait ils ne travaillent pas ensemble, ils sont très rarement en présentiel ensemble. Du coup c’est ça qui est super quand on est en salon avec eux, ils ont plaisir à se retrouver et à être avec nous, on les a adopté et ils nous ont adopté ! On s’éclate bien et on partage ça aussi avec le public, qui peut venir avec nous derrière le stand pour discuter, donc c’est fabuleux quoi !

É : Très bien, merci beaucoup Marc Frachet de nous avoir accordé cet entretien ! Nous souhaitons plein de succès à InCarnatis et au roman transmédia pour le futur !

Interview réalisée par Gonzobob, avec le concours de Florent Gayraud, le 2 décembre 2018.

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