J’ai maté la minisérie Anthracite ! Mais siii, vous savez ? Cette série sortie en avril 2024 sur Netflix, créée par Fanny Robert et Maxime Berthemy. Elle parle d’une jeune fille qui recherche son père, disparu dans les Alpes durant une enquête sur la secte des Écrins. Bon, il est possible que vous l’ayez oubliée. Parce que c’était si nul que je me suis dit qu’il fallait vraiment que j’écrive dessus, pour prévenir nos chers lecteurs et chères lectrices, qui ne l’ont pas vue, de ne pas s’aventurer dans le visionnage de cette œuvre, si ce que je décris ici ne leur convient pas non plus.
Je me suis fait avoir !
Ok, je l’admets : je me suis encore fait avoir par une bande-annonce ultra cryptique qui laissait penser que peut-être, la série était bien ! Alors, ce qui a autant piqué ma curiosité, c’était la présence d’Hatik (Jaro) : je l’avais bien aimé dans la saison 1 de Validé (Franck Gastambide, Charles Van Tieghem, Xavier Lacaille, 2020) même si je trouvais déjà qu’il en faisait trop à certains moments. Mais bon, dans le délire milieu du rap (duquel il vient), je trouvais que c’était correct. Et malheureusement, ce vilain défaut, d’en faire un peu trop ne l’a pas quitté, voire s’est amplifié. Et c’est désolant, mais Noémie Schmidt (Ida) surjoue aussi. N’évoquons même pas Solal (joué par Jean-Marc Barr), le père d’Ida, parce que c’est à lui que revient la palme de l’acteur qui en fait des caisses. En particulier lors des séquences de flash-back, où il mène son enquête en interviewant des personnes liées à la secte : c’est bien catastrophique. Tout ça fait un mélange détonant. Et puis il y a ce ressort scénaristique qui m’est sorti par le nez : celui où il y a des gens qui apparaissent aux yeux d’un personnage, alors que les autres ne voient rien. Somme toute, un procédé de mise en scène assez banal dans les atmosphères horrifiques ou de thriller, mais là, ça n’était vraiment pas dosé.
Un faux air de série à succès !
Au début, j’ai pensé que l’ambiance de montagne allait donner du cachet, un style sympa. C’était le décor parfait pour rendre le sujet captivant, mais la série n’a pas réussi à s’en emparer correctement.
Il y a de bonnes idées, des plans originaux et la beauté du paysage alpin permettent de relever facilement le niveau esthétique. Mais, franchement, le scénario, je n’ai pas les mots… Il n’est ni fait, ni à faire. À commencer par la rencontre entre les deux personnages principaux qui est tout bonnement invraisemblable ; elle est forcée, pas du tout crédible. C’en est presque gênant. Et puis les rapprochements qui sont faits par Ida entre les éléments pour mener son enquête sont absolument improbables, on n’est pas sur du Sherlock et ça me rappelle plutôt l’émission « Le Complot« qu’il y avait à l’époque sur Canal+ (celles et ceux qui ont la ref’, vous commencez sûrement à avoir des rides et des cheveux blancs). Les déductions d’Ida sont si illogiques, qu’il est aisé de deviner que ce côté absurde n’est pas un parti-pris artistique. On passe d’une scène à une autre sans rapport évident, alors en termes d’action, on n’a pas le temps de respirer. On saute ainsi de révélation en révélation (attention spoiler) : d’un meurtre à une agression, puis d’un accident de voiture à une course-poursuite. On peut encore ajouter : des frères et sœurs cachés, des liens incestueux, des machinations liées à une découverte scientifique d’un laboratoire sans scrupules… Et j’en passe, parce que c’est tellement rempli qu’on finit par ne plus rien assimiler. Cette série, pour être bien menée, aurait eu besoin d’au moins 3 saisons, afin d’éviter de nous gaver d’informations sans vraiment les exploiter pleinement. J’ai cette impression que le créateur et la créatrice, ainsi que le réalisateur (Julius Berg), voulaient s’adapter à un public très jeune, un public dont le temps d’attention diminue. Ils voulaient peut-être faire en sorte de maintenir notre attention en éveil. En soi c’est compréhensible, mais ça a créé chez moi l’effet inverse : je n’avais qu’une envie, c’était de décrocher. J’ai tenté de binge-watch la série, mais il faut avouer que même en regardant rapidement, elle était opaque. Plus ça avançait, plus certaines choses se révélaient, moins j’étais sûre de comprendre, et à chaque fois les personnages faisaient une sorte de résumé pour dire : « Mais si, regarde, ça a du sens ! » Vous connaissez cette fameuse règle du cinéma : “Show, don’t tell” (en français : “Ne dites pas, montrez”) ? Et bien là, on ne peut pas dire qu’elle soit respectée.
Il y a quand même des points positifs
Cette série, je ne l’ai pas aimée, mais elle a au moins le mérite d’exister. C’est une petite référence à l’acteur français Pierre Niney, qui dit, en gros, qu’une critique entièrement négative est totalement biaisée, forcément un peu injuste car elle ne prend pas en compte les différents aspects de la création d’un film. Pour le coup, je suis plus ou moins en accord avec ses propos. C’est pour ça que la plupart de mes critiques mettent en avant les points positifs que je peux trouver dans les films ou dans les séries. Cela étant dit, je trouve que quand on a la chance d’avoir eu un budget pour un film ou une série, il faut avoir un résultat au moins décent, pour ne pas insulter celles et ceux qui n’ont pas accès à des sommes pareilles.
Je vais commencer par souligner le jeu d’acteur de Camille Lou (l’enquêtrice Giovanna de Luca dans la série) parce qu’elle est bien au-dessus du reste du casting, elle dénote énormément, et parvient quasiment à nous faire entrer à nouveau dans l’histoire quand elle apparaît à l’écran, ce qui est de l’ordre de l’exploit.
Et puis, dans un tout autre registre, je vais quand même terminer l’article sur une note presque positive. Anthracite, c’est l’une des premières écoproductions Netflix françaises. Alice Pigné, qui était « éco-référente » sur le tournage, a joué le rôle de sensibilisatrice aux enjeux sociaux et environnementaux. Elle faisait notamment une estimation du CO2 émis (transports, énergies consommées…) pour que 1 % du coût carbone soit donné à des associations engagées dans la défense de l’environnement. C’est un peu du greenwashing à certains égards, car on sait bien aujourd’hui que le principe de la compensation carbone n’est pas vraiment une solution pour éviter les émissions. Mais j’imagine que c’est un début, dans un milieu qui a tendance à ne rien faire du tout pour limiter ses émissions.
D’une manière générale, dans cette série, les dialogues sont insipides, la direction artistique est aux fraises, sans parler des incohérences du scénario qui sont justifiées de manière forcée dès le départ : c’est tout bonnement du bourrage de crâne. Un fourre-tout sans nom, qui essaye de s’inspirer de l’ambiance de séries comme Dark ou Stranger Things, mais qui ne leur rend vraiment pas hommage. En tout cas, maintenant, vous êtes prévenus !