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COMPOSITEURS : 1er volet, chapitre 3

Ou : Y’a pas que Hans Zimmer dans la vie. 

Cette tribune s’adresse aux néophytes, aux profanes, comme aux connaisseurs absolus. Et si vous en avez assez de n’entendre parler des compositeurs de musiques de films et de séries que lorsqu’il s’agit de citer Hans Zimmer, dans ce cas, cette chronique est faite pour vous. De ses plus célèbres contemporains jusqu’aux artistes de l’ombre dont vous n’avez jamais eu l’occasion de noter le nom (tout en connaissant peut-être certaines de leurs œuvres), retour sur une pléiade qui a fait rêver tout cinéphile/sériephile qui se respecte.

Alexandre Desplat

• C’est qui ? Il est né le 23 août 1961 à Paris. Sa carrière prolifique débute en 1985. En plus de son métier de compositeur, Alexandre Desplat est professeur de musique. Il cumule à lui seul vingt-cinq récompenses, dont trois Césars, trois Golden Globes et deux Oscars.  

• L’un de ses premiers gros succès notables ? La Jeune fille à la perle, de Peter Webber (2003).

• L’un de ses derniers gros succès notables ? Asteroid City, de Wes Anderson (2023). 

• Pourquoi c’est bien ? Alexandre Desplat est un manipulateur d’émotions. Sa grande faculté d’adaptation lui permet de couvrir un nombre impressionnant de registres narratifs, qu’il s’agisse de donner corps à un personnage pour un biopic, d’illustrer les conséquences de la guerre, voire la romance pure et adolescente. Son éducation musicale particulièrement riche lui permet de multiplier les effets, notamment par l’usage judicieux et très lyrique du piano et des violons. Sa patte très reconnaissable lui permet cependant d’éviter la plupart du temps les redites, tout en le rendant identifiable au bout de seulement quelques notes. Né en France, il distille notre patrimoine en la matière jusqu’à l’international, et s’est frayé une place bien méritée parmi ses comparses, qu’ils soient Européens, Asiatiques ou Américains. Boulimique de travail, il semble que rien ne puisse arrêter l’inspiration de Desplat, tant il cumule les projets comme les œuvres à “couvrir”. Il réussit également à créer des thèmes très efficaces, comme ceux d’Imitation Game, empruntant un rythme quaternaire que n’aurait pas boudé James Newton Howard lui-même. Enfin, tout en se faisant respecter par les amateurs prononcés de bande originale, il s’est également acquis un public plus jeune, par ses compositions soignées des deux derniers opus de la saga Harry Potter (et notamment le célèbre morceau Lily’s Theme).  

• Le talon d’Achille : Desplat semble avoir du mal à innover totalement. Il reste le plus souvent dans une zone de confort qui n’est certes pas désagréable, mais qui pourrait donner envie de le voir s’attaquer à des compositions plus magistrales et retentissantes. 

• Les petites anecdotes : Alexandre Desplat est né d’un père français et d’une mère grecque, qui se sont tous deux rencontrés à l’université de Berkeley en Californie. C’est après avoir écouté le travail de John Williams sur Star Wars, épisode IV : Un nouvel espoir, qu’il décide de devenir compositeur pour le cinéma à son tour. Il a rencontré son épouse, elle-même violoniste, chez l’humoriste Coluche lors d’un enregistrement pour une partition destinée au grand écran. 

• Pour découvrir l’artiste : https://open.spotify.com/playlist/37i9dQZF1DZ06evO49sdHO?si=eb7604cf74e347ed 

Trevor Morris

• C’est qui ? Il est né le 25 mai 1970 à London (Ontario). De nationalité canadienne, il entame sa carrière en 1999, à la fois comme compositeur et comme producteur de musique. Moins de dix ans plus tard, en 2007, il remporte un Primetime Emmy Award pour son travail sur la série Les Tudors. 

• L’un de ses premiers gros succès notables ? Les Tudors, de Michael Hirst (2007-2010). 

• L’un de ses derniers gros succès notables ? Castlevania : Nocturne (2023 — …). 

• Pourquoi c’est bien ? Trevor Morris, à l’égal d’un Jeremy Soule, semble avoir été fait pour des compositions souvent tournées vers des univers musicalement très codés : les registres historiques et celui du fantastique. Capable de se glisser dans l’esprit d’une époque, il sait parfaitement rester fidèle et cohérent sur une durée particulièrement longue pour une même création, comme ce fut le cas pour la série Vikings. Produite entre 2013 et 2020, l’artiste est resté régulier et homogène vis-à-vis de l’œuvre concernée. Critiquée et critiquable, l’esthétique demeure qualitative et particulièrement léchée, grâce à son environnement sonore. Impossible également de ne pas évoquer les morceaux qui jalonnent la bande originale de la série animée Castlevania, formidable adaptation des jeux vidéo éponymes. Brutalement épique, viscéralement poignante, glauque et mystérieuse à souhait, ce succès signé Netflix n’aurait probablement pas eu le même impact sans l’implication de Morris. Par sa justesse, sa mesure et sa bonne compréhension des attentes d’un public exigeant, il figure incontestablement parmi les compositeurs qui auront marqué plusieurs générations de rôlistes ou de gameurs passionnés, notamment via les partitions du jeu vidéo Dragon Age Inquisition

• Le talon d’Achille : Par ses choix de composition, comme pour ses très nombreuses participations sur des longs-métrages d’importance, mais en tant qu’assistant, Morris demeure un artiste de niche qui ne parvient pas à se faire un nom auprès du grand public. 

• Les petites anecdotes : Trevor Morris a été choisi dès l’âge de treize ans pour composer une œuvre musicale en l’honneur du voyage du Pape Jean-Paul II au Canada (pour un paiement de 50$ à l’époque !). Son planning de travail pour la télévision consiste en cinq à six jours pour créer la musique d’un seul épisode. Il conseille aux aspirants compositeurs de travailler sous l’égide d’un artiste confirmé, afin de profiter d’une carrière plus solaire et d’accéder à des projets de plus haute envergure. 

• Pour découvrir l’artiste : https://open.spotify.com/playlist/37i9dQZF1DZ06evO375oUE?si=b067dcd51afd4a87 

Clint Mansell

• C’est qui ? (date et lieu de naissance, nationalité, période d’activité, autres activités potentielles, récompenses) : Il est né le 7 janvier 1963 à Conventry, en Angleterre. Sa carrière débute dès l’année 1981. Il est également guitariste, chanteur et artiste d’enregistrement. Il cumule cinq récompenses ainsi qu’une nomination aux Golden Globes en 2007. 

• L’un de ses premiers gros succès notables ? Requiem for a Dream, de Darren Aronofsky (2000). 

• L’un de ses derniers gros succès notables ? Black Mirror, de Charlie Brooker (2016). 

• Pourquoi c’est bien ? Clint Mansell est un artiste véritablement protéiforme. Il est capable d’insuffler une grande violence dans ses compositions, comme de maîtriser une gradation émotionnelle pure. Force brute et créative, son travail a marqué le monde entier — presque jusqu’à atteindre un point de saturation — avec la bande originale phénoménale du non moins connu Requiem for a Dream. Mansell, proche du réalisateur Aronofsky, accomplit une véritable prouesse et symbiose avec ce dernier. Il se crante aux talons d’un montage rapide, implacable, à la limite de l’épreuve. Ses violons agressifs comme des arrangements plus électroniques et dérangeants jonglent avec des mélodies tout aussi lancinantes, dont la discrétion n’enlève rien au tiraillement destiné à souligner les sentiments des personnages. L’exploit n’est pas resté unique, et on pourrait citer The Fountain autant que Black Swan, lorsqu’il s’agit d’invoquer les émotions exacerbées des protagonistes à l’écran. Habile à créer de toutes pièces de véritables œuvres intemporelles comme à retravailler l’un des ballets les plus célèbres de tous les temps (ici, Le Lac des Cygnes), Clint Mansell a incontestablement marqué l’entièreté des années 2000 par sa griffe inoubliable. 

• Le talon d’Achille : Depuis 2010, Mansell s’est fait beaucoup plus discret, et n’a plus brillé par des compositions aussi brillantes, malgré sa régularité et les nombreux autres projets qu’il a couverts. 

• Les petites anecdotes : Clint Mansell est ami avec Trent Reznor. Il a composé la musique du tout premier long-métrage de Darren Aronofsky en 1998, principalement financé par ce dernier : Pi. Sa popularité est telle qu’elle a généré des réactions extrêmes, et notamment des menaces de mort à l’encontre du réalisateur Joe Carnahan : certains fans de Mansell estiment que le film Mise à Prix ne contenait pas assez de pistes musicales de l’artiste. 

• Pour découvrir l’artiste : https://open.spotify.com/playlist/37i9dQZF1DZ06evNZWrNCf?si=78fb839fc27b4902 

Howard Shore

• C’est qui ? : Howard Shore est né le 18 octobre 1946 à Toronto, au Canada. Sa carrière est lancée depuis 1978, non seulement comme compositeur, mais également comme saxophoniste. Il est l’heureux lauréat de trois Golden Globes et trois Oscars. 

• L’un de ses premiers gros succès notables ? La Mouche, de David Cronenberg (1986). 

• L’un de ses derniers gros succès notables ? Les Crimes du futur, de David Cronenberg (2022). 

• Pourquoi c’est bien ? Le succès de la saga multirécompensée Le Seigneur des Anneaux doit beaucoup au travail de composition d’Howard Shore. Si quelques critiques ont pu tancer le paysage sonore des trois films comme trop invasif, l’immense majorité du public comme des professionnels du cinéma ont loué ces partitions grandioses et immersives. Cette reconnaissance a ouvert les portes de l’artiste à une carrière prolifique, en plus de devenir plus familier dans le paysage audiovisuel. Il faut toutefois louer des productions d’une qualité impressionnante bien avant les années 2000, puisque la collaboration du musicien avec le réalisateur David Cronenberg a donné naissance à plusieurs pépites en la matière. Sa technique est non seulement personnelle, mais parfaitement assumée et reconnaissable, puisque Shore n’hésite pas à donner dans l’emphase. Ses trompettes puissantes ou ses cuivres grinçants marquaient déjà les aficionados de La Mouche, sorti en 1986, sans oublier Le Silence des Agneaux quelques années plus tard. Loin de se cantonner à une illustration du récit à l’écran, la bande sonore composée par le créateur s’impose au premier plan, et devient littéralement un personnage à part entière. Toutefois, il se montre tout aussi capable de tamiser ses ardeurs musicales pour des arrangements plus minimalistes, à l’image de Gangs of New York, de Martin Scorsese. 

• Le talon d’Achille : Howard Shore semble avoir raté le coche des années 2010 comme Clint Mansell. Depuis une quinzaine d’années, ses compositions très discrètes ne surnagent pas, et cantonnent ses succès à une époque désormais lointaine.  

• Les petites anecdotes : Howard Shore est le cofondateur de l’émission Saturday Night Live ! Fidèle du réalisateur Peter Jackson, pour lequel il a composé près de douze heures de partitions musicales pour sa trilogie du Seigneur des Anneaux, il est néanmoins débouté pour le film King Kong, faute d’avoir réussi à convaincre. Par ailleurs, l’artiste est actuellement en litige avec Star Entertainment à Berlin, pour une utilisation interdite de son travail sur les trilogies du Seigneur des Anneaux et du Hobbit ; les concerts et arrangements proposés étaient si mauvais que le public a été remboursé intégralement. 

• Pour découvrir l’artiste : https://open.spotify.com/playlist/37i9dQZF1DZ06evO0pJdrq?si=4e6e1013ebff4802 

Harry Gregson-Williams 

• C’est qui ? :  Il est né le 13 décembre 1961 à Chichester, au Royaume-Uni. Sa carrière débute en 1990, et il dispose d’une forte expérience comme artiste d’enregistrement et producteur de musique. Il a été nommé une fois pour un Golden Globe, en 2005. 

• L’un de ses premiers gros succès notables ? Phone Game, de Joel Schumacher (2002). 

• L’un de ses derniers gros succès notables ? House of Gucci, de Ridley Scott (2021). 

• Pourquoi c’est bien ? Le compositeur pourrait presque faire figure de couteau suisse, dans la profession. Capable de s’adapter à n’importe quel projet, pour n’importe quelle thématique, Williams a néanmoins parfaitement saisi les attentes de son public, en fonction des œuvres pour lesquelles il écrit. Il a donné sa patte à plusieurs films jeunesse, tout comme il a participé à des créations Marvel. Sans aller jusqu’à parler de patte exceptionnelle, il faut lui reconnaître une certaine maîtrise, et une adéquation systématique entre bande-son et images illustrées. Son savoir-faire s’étend jusqu’au monde du jeu vidéo, avec une efficacité convaincante et reconnue par les plus grands. Son expérience comme assistant ou co-compositeur lui a en outre permis d’enrichir sa palette de talents, puisque son nom a souvent figuré au côté de cadors du milieu, et notamment John Powell, ou Hans Zimmer, que l’on ne présente plus. Bien que discret, Williams aura réussi à laisser sa marque pour de grosses productions signées Disney ou Dreamworks (Le Roi Lion, Le Prince d’Égypte) et parvient systématiquement à se renouveler. À l’image d’un Brian Tyler, sa virtuosité simple, mais élégante fait de lui un remarquable touche à tout. 

• Le talon d’Achille : Harry-Gregson Williams n’a jamais réussi à décrocher une récompense, et ce malgré une très longue carrière et un nombre de projets plutôt impressionnant. 

• Les petites anecdotes : Le créateur de jeu vidéo Hideo Kojima est un grand admirateur de Harry Gregson-Williams, qu’il a d’ailleurs contacté afin de travailler sur la bande-son de Metal Gear Solid 2. Il fait lui aussi partie des nombreux artistes à avoir bénéficié du soutien, du mentorat et de l’appui de Hans Zimmer. Il a obtenu sa première bourse scolaire à l’âge de sept ans, et a consacré plusieurs années à se produire en concert en Europe au sein du St. John’s College de Cambridge.

• Pour découvrir l’artiste : https://open.spotify.com/playlist/37i9dQZF1DZ06evO0TpWPm?si=6b0c9249e4b4408f

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