« Des personnages hystériques parfaitement maîtrisés dont les critiques raffolent. »
David O. Russell est un réalisateur, producteur et scénariste originaire de New York. Il a réalisé pour le tout 12 films, son premier long métrage datant de 1994, intitulé Spanking the Monkey, titre cocasse qui en dit déjà un peu sur la personnalité du metteur en scène.
Mais O. Russell commence à faire plus de bruit auprès de la critique et du public six ans après, grâce à son film The Fighter, un drame sportif basé sur la vie du boxeur Micky Ward et de son frère et entraîneur, Dicky. Le film sera d’ailleurs récompensé par deux Oscars et deux Golden Globes dans les mêmes catégories : meilleur second rôle masculin pour Christian Bale et meilleur second rôle féminin pour Melissa Leo.
Les pluies de récompenses ne cessent dès lors d’affluer. Tout d’abord avec la comédie Happiness Therapy, sorti en 2012, adapté du roman éponyme de Matthew Quick. Avec 4 nominations aux Golden Globes et 8 nominations aux Oscars, le film permet à Jennifer Lawrence de remporter les deux prix de la meilleure actrice.
Puis sort American Bluff. Partagé entre fiction et réalité, puisque le scénario se base sur l’affaire ABSCAM dans les années 1970, David O. Russell atteint son paroxysme en matière d’humour noir et de personnages extravagants. Coiffures délirantes, multitudes de costumes échancrés jusqu’au nombril qui révèlent des poitrines généreuses, un haut du col ouvert pour Bradley Cooper et un Christian Bale au ventre opulent, obligé de cacher sa calvitie par des implants capillaires, bien loin de son physique de beau gosse à la Bruce Wayne. À cela s’additionnent les décors kitsch des années 1970, l’esthétique très forte de la bande originale, les notes des Bee Gees (How can you mend a broken heart) ou de Paul McCartney (Live or let die) ne cessent de raisonner dans nos oreilles après le visionnage du film.
Le film récolte 10 nominations aux Oscars 2014 , Amy Adams remporte le golden globe de la meilleure actrice, Jennifer Lawrence celui de la meilleure actrice dans un second rôle.
Entraîné par le tourbillon du succès et restant toujours attiré par le fait de relater des événements qui se sont réellement produits, Russell décide de se lancer dans un biopic. Il s’agit du film Joy, sorti en 2015 qui raconte l’histoire de Joy Mangano, mère célibataire de deux enfants, inventrice du balai serpillère auto-essorant Miracle Mop dans les années 1990. Un véritable succès commercial (le film hein, pas la serpillère) mais des critiques mitigées qui reprochent à Russell une approche de l’histoire trop « instable ». Mais c’est pourtant ce qu’on aime dans ses films non ? Que le réalisateur parvienne, par le biais de personnages complètement délurés à refléter les rapports entre les membres des familles américaines de la classe moyenne.
Dans ce petit monde perturbé, le cinéaste reste toujours appuyé sur un comique de situation et possède cette fâcheuse tendance à l’exagération. Une scène se déroulant dans un calme religieux peut prendre tout d’un coup un tournant complètement différent. Des personnages déviants, borderline, qu’on voit littéralement péter les plombs surprennent le spectateur, le réveillent et le font sourire, l’agacent parfois, le gênent souvent. Lui qui suit tranquillement le déroulement de la conversation entre deux personnages n’est jamais à l’abris d’un revers de situation. Cette bipolarité constante fait la force du cinéma de David O. Russell. On ne sait jamais ce que les acteurs nous réservent.
Certains trouveront cette mise en scène pénible, les films en deviendraient « frustrants ». En effet, cette exagération brusque, cette caméra instable (travelling répétitif qui passe rapidement d’un personnage à l’autre durant une conversation), l’hystérie soudaine… tous ces éléments dérangent car ils cassent les dialogues en cours, l’ambiance de la séquence.
Mais le cinéma de David O. Russell, c’est avant tout le plaisir du jeu d’acteurs. On s’étonne du talent de Bradley Cooper dans un registre qui lui est inhabituel. On sourit au clin d’œil de la brève apparition de Robert De Niro en patron de la mafia. On aurait très certainement moins remarqué (ou alors plus tard) l’immense talent d’actrice de Jennifer Lawrence qui ne cesse de se réinventer et de gagner en maturité dans chaque rôle que Russell lui confie, véritablement transformée depuis ses premiers rôles dans Winter’s bones, Loin de la terre brûlée ou plus récemment la saga des Hunger Games qui l’a fait connaître auprès de la jeune génération.
Pourquoi donc cet engouement inarrêtable pour les films de Russell? La réponse est simple : un film signé David O. Russell = performance d’acteurs garantie.
Marilou Perreau
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