« Flo », réalisé par Géraldine Danon, plonge les spectateurs dans l’univers tumultueux de Florence Arthaud, célèbre navigatrice française. Surnommée « la petite fiancée de l’Atlantique », elle a marqué l’histoire de la voile avec ses exploits et ses engagements pour le rayonnement du sport féminin en France, avant de disparaître tragiquement en 2015 dans un accident d’hélicoptère. Présenté au Festival de Cannes, le biopic a suscité la polémique, car non approuvé par des membres de sa famille. Hommage réaliste ou tabloïd fictif ? Éléments de réponses.
Ce n’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la femme.
Florence Arthaud, née en 1957 dans un milieu aisé, s’enthousiasme très tôt pour la navigation. Adolescente, c’est un accident de voiture qui remet en question son projet de vie. Elle décide donc de se lancer à corps perdu dans sa passion. Elle a un objectif en tête : remporter la prestigieuse compétition « La route du rhum » et se faire une place dans ce milieu masculin difficile.
Elle préfère l’amour en mer.
La première partie est déstabilisante. En effet, la réalisatrice aborde l’histoire de Florence non pas par ses compétences, mais par sa vie intime. Le corps de Florence (interprété par Stéphane Caillard) est filmé régulièrement dénudé avec une passion, mais qui tombe de temps en temps dans le voyeurisme. Si les actrices et les acteurs jouent correctement leurs rôles, ils sont desservis par des dialogues souvent cru, digne par moment d’un long métrage érotique du samedi soir.
On y aborde les déceptions professionnelles, amoureuses, familiales. La réalisatrice va alors avoir recours à des clichés de mises en scène pour tenter de traduire le désir de liberté du personnage. Entre les multiples références aux films romantiques américains et une bande-son années 70-80 trop présente, le récit s’étire en longueur. Ainsi, plutôt que de montrer une sportive forte et inspirante, elle est présentée comme une femme désinvolte, victime des hommes qui l’entourent. Cependant, après une heure et demie, le film prend un tournant inattendu.
Au milieu de l’océan, personne ne vous entendra crier.
Pour représenter la traversée en solitaire de Florence, le film s’abandonne de tous ses défauts. Ce moment suspendu laisse la place à un personnage aussi magnifique que dangereux : la mer. La sensation de solitude face aux difficultés techniques, la maladie, les doutes (entre autres) sont traités avec minutie grâce au travail du son, à la performance de Stéphane Caillard et aux prises de vues réelles splendides. Le film ira même jusqu’à effleurer de manière délicate la spiritualité, élément clé de la vie de marin. Ce passage m’a vraiment ému et apporte un vent de fraîcheur dans le cinéma français.
“La vérité est rarement pure et jamais simple.”
Comme dit en introduction, Flo a suscité une controverse importante en raison du désaccord de la famille Arthaud quant à son contenu. Le film se conclut en indiquant les fragments relevant de la fiction. Néanmoins, la réalisatrice a été une proche de la navigatrice. Elle affirme que même s’il y a eu un travail d’adaptation, les éléments contestés par la famille sont vrais selon ses propos. Difficile donc de juger de l’authenticité des événements en tant que témoin passif ne connaissant pas tous les faits. Cela impacte négativement la suspension d’incrédulité du spectateur, qui remet en cause tout ce qui lui est raconté.
En conclusion, Flo est un film qui suscite des réactions contrastées. Il offre une plongée dans la vie tumultueuse de Florence Arthaud, mais sa première partie et le doute sur la véracité du récit émaillent l’œuvre. Malgré cela, la séquence de la Route du Rhum reste un moment de grâce qui ne laisse pas indifférent.
Un premier film imparfait, mais qui marque l’émergence d’une nouvelle réalisatrice prometteuse. À suivre.