Critique (10)

I LOVE YOU PHILLIP MORRIS

C’est une petite pépite connue sans vraiment l’être. I Love You Phillip Morris a débarqué sur les écrans français dans une relative confidentialité, affichant néanmoins un duo d’acteurs on ne peut plus emblématiques. Il fallait, en effet, un certain culot pour réunir Jim Carrey et Ewan McGrégor dans ce tandem gay sur fond d’escroqueries et autres arnaques à l’assurance, dont l’histoire au fond de vérité a marqué l’histoire judiciaire américaine. 

  1. SEA.

La mer n’est jamais très loin en Floride. Pourtant, c’est loin des palmiers et de la plage, mais entre les murs d’un centre pénitentiaire que Steven Russell (Jim Carrey) et Phillip Morris (Ewan McGrégor) nouent une relation passionnée. Faisant fi du béton et des gardiens, des restrictions comme de l’enfermement, les réalisateurs Glenn Ficarra et John Requa osent, tranchent dans le vif, décapent la comédie romantique américaine traditionnelle pour la parer de nouvelles couleurs. L’amour et l’été se retrouvent partout, même au cœur des cellules de la prison. La lumière chaude du soleil omniprésent semble trouver un nouveau point d’ancrage : dans les rayons des néons plus chaleureux qu’inquiétants de la Harris County Jail, comme dans la chevelure blonde de Phillip Morris. Il plane comme un air de vacances, un air de farniente, et la mer qui n’apparaît qu’entre parenthèses pour encadrer des amours idylliques, fait de la figuration sans jamais se faire totalement oublier. 

  1. SEX. 

  La question du sexe est aussi omniprésente que traitée sur tous les tons, tous les tableaux. Dans les préoccupations inconscientes de Steven Russell enfant, pilier de sa relation avec Phillip, mais également lié au virus du SIDA qui frappe l’un de ses anciens compagnons. Le sexe se pratique partout, tout le temps, et apparaît sans ambages au premier plan lorsqu’il le faut. Moteur du couple, moteur de l’énergie de Steve déterminé à s’unir le plus longtemps possible avec l’homme qu’il aime, le film pratique l’apologie du sexe sain et durable. Les réalisateurs clament l’amour joyeux, et font fi des clichés et des à priori qui aimantent toujours les pratiques et les mœurs homosexuelles masculines. Les conventions étouffantes sont mises au ban, et le coming-out assumé et heureux  est encouragé, afin d’éviter tous les regrets. Le sexe ? Un exutoire, une obsession, un but en soi, ou un moyen de cimenter son couple ? Il y en aura pour tous les goûts et pour toutes les humeurs. 

  1. FUN. 

Toujours léger, toujours fantasque, toujours audacieux. Le film prend de la hauteur, s’échappe pour ne pas tomber dans le cornet de la tragédie facile. Les accidents de voiture, les accidents de la vie, les ruptures amoureuses, les arnaques découvertes : tout passe, rien ne se perd, tout se transforme. La virtuosité et l’imagination de Steve contaminent l’énergie même que dispense le long-métrage. Il faut rebondir, absolument, ne pas se laisser marbre ni par la mort, ni par la maladie, ni par les différents revers infligés par le destin, ou par les propres conséquences de nos actes. Leçon de vie, leçon d’humour, scènes qui provoquent le fou rire : le fun est partout. On en viendrait presque à oublier les multiples infractions, les millions escroqués au gouvernement du Texas (et à son futur président des États-Unis, Georges W. Bush Jr. !). Ode à la vie, à l’instant présent, à claquer les dollars comme les postérieurs, Jim Carrey s’impose irrémédiablement dans cette version de héros à la limite de la moralité. Avec un jeu plus nuancé que ce à quoi on pourrait s’attendre et une parfaite compréhension des enjeux du long-métrage, la promesse est tenue et le divertissement total. 

Définitivement l’une des scènes les plus drôles du film. 

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