Critique (2)

« Le cinéma français, c’est de la merde » ou des films qui pourront te faire changer d’avis

Qui n’a pas déjà entendu cette phrase ou l’a même prononcée ? J’ai remarqué, en tant qu’ancienne haters de notre cinéma (oui oui ancienne), que cette idée est encore bien trop répandue. Avec l’aide d’une sélection de quelques petits films et de mes super arguments, cet article a pour but de te faire changer d’avis. Évidemment cette sélection est totalement subjective alors si tu en as à conseiller, hésite pas à venir sur nos réseaux !

QUAND ON A LA RECETTE DU SUCCÈS, ON FINIT PAR CHOISIR LA FACILITÉ

Quand on pense au cinéma français, on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec ces comédies que l’on peut voir à foison et qui sortent toutes les semaines : un peu potaches, avec parfois un peu (beaucoup) de blagues racistes et qui se ressemblent toutes, jusqu’à même avoir la même affiche à savoir une écriture jaune sur fond bleu ? Si, si, celles-ci :

Si même Vincent Cassel se plaint ©filmsactu.net

En France, il y a une véritable appétence pour les comédies, ce qui semble logique quand on apprend que la plupart des Français vont au cinéma entre amis ou en famille. On veut aller voir un film pouvant plaire à tous donc on choisit la facilité. Quoi de mieux que de se réunir devant un long-métrage où l’on peut rire ? On sélectionne ces films, car ils ressemblent à ceux que l’on connaît déjà et appréciés auparavant. On sait à quoi s’attendre. De plus, ce sont les plus visibles, les plus mis en avant, notamment par des chaînes les ayant commandités à la TF1 ou M6.

Je vous arrête tout de suite, je ne vais pas m’attarder en détail sur le mode de financement du cinéma français, car beaucoup trop complexe et cela mériterait un article entier, mais je vous invite fortement à vous renseigner tellement c’est intéressant d’un point de vue spectateur.

Attention, je ne dis pas que les comédies françaises sont un problème, loin de là. Certaines nous prouvent même la qualité de notre cinéma. Quand on observe le box-office français et ces comédies en tête de celui-ci, on remarque simplement qu’un certain type d’humour revient, celui un peu potache et pas forcément emprunt de subtilité comme « Les Tuche », par exemple.

Alors je vous vois tout de suite arriver : non, je ne suis pas la relou de service désirant tout intellectualiser. Pour vous le prouver, l’humour de Philippe Lacheau m’atteint et m’a arraché des éclats de rire avec la sortie d’Alibi.com 2. Sa drôlerie ne se base pas uniquement sur des clichés ou avec des gestes (coucou « Astérix et l’empire du Milieu »), mais sur des comiques de situation et des runnings-gags qui marchent à chaque fois sur moi.

Le souci étant que les bons classiques français semblent s’effacer au prix des productions récentes et honnêtement très moyennes. S’ils ont eu du succès, même à postériori, c’est qu’ils dégageaient autre chose, une aura différente de ceux que l’on pouvait voir à ce moment-là. La forme qu’est la comédie ne gâche ni le fond ni les idées ou le message derrière le film.

« Il y a en France un rejet assez spontané de notre cinéma, de la part d’une partie du public. Le jeune public, notamment, se déplace beaucoup en salles pour voir des comédies françaises, mais c’est à peu près le seul genre qui sort son épingle du jeu, un genre qui a traversé les époques. »

Rurik Sallé

le cinéma français c’est de la merde ! 

Quoi de mieux qu’une comédie, genre adoré en France, afin de commencer à s’intéresser à notre cinéma ?

  • INTOUCHABLES

Comment parler de cinéma français et ne pas mentionner en premier de celui-là ? Le mastodonte de nos comédies françaises, le haut du panier du box-office. Ça détend, donne des frissons par sa musique et surtout possède cette fameuse aura apaisante qui fait tout simplement du bien durant le visionnage.

  • NOS JOURS HEUREUX

Alors j’ai découvert celui-là il y a peu, grâce à des recommandations de proches. Pas forcément fan de Jean-Paul Rouve (que je connais seulement via les Tuche), ce film m’a réconcilié avec lui. Un petit film pour préparer l’été qui arrive et qui semble être pour beaucoup un must have pour ceux ayant passé le BAFA héhé.

  • ASTÉRIX MISSION CLÉOPÂTRE

Applaudissons bien fort ma comédie française préférée, celle qui n’a plus besoin de présentation et surtout qui n’a plus rien à prouver. Les références, les blagues et surtout le monologue d’Otis (quoi ? Je n’en fais pas trop, non). Pour des personnes détestant notre cinéma, regarder ce film était sans doute un argument pour les convaincre d’une certaine qualité. Remercions tous en cœur Alain Chabat et dirigez-vous à présent vers sa filmographie, comme “Sur la piste du Marsupilami”, par exemple.

REDEVENIR CURIEUX

Le cinéma français, c’est large comme tu peux t’en douter, mais parler de la comédie était une évidence tellement ce genre est majoritaire dans nos cinémas.

Au-delà de la comédie, tellement de possibilités s’offrent à toi que finalement les « bons films français » sont noyés dans la masse. Regarder des classiques est un début, mais maintenant, il faut redevenir curieux et ne pas se limiter à ces comédies. Ce genre est si important par chez nous que l’on pourrait parfois oublier les autres, et même si à l’occasion on cabotine un peu, on arrive à produire de la qualité.

  • LE MONDE EST À TOI

Si je te dis que sont réunis Michel Sardou, PNL, Balavoine et Jul, qu’est-ce que tu me répondrais ? Le film est un parfait mélange entre tout un tas d’éléments explosifs et arrive à faire en sorte que ces personnages soient régulièrement à la limite entre la réalité et la parodie. La BO sert le propos d’un long-métrage qui s’assume complètement.

  • DIVINES

Alors, celui-là, je l’ai découvert totalement par hasard sur Netflix, à la recherche d’une petite pépite française. Oui, le la banlieue est un thème surutilisé pouvant vite dévier et créer des débats problématiques s’il est mal développé. Or ce n’est pas le cas ici. Le film marque, arrive à être doux avec ces personnages, même si la réalité les rattrape, pour nous offrir une fin mémorable, qui m’a bouleversée.

  • LE CHANT DU LOUP

Je pense qu’il s’agit de celui m’ayant donné le plus grand élan pour soutenir et regarder du cinéma français. Le film m’a bluffé et m’a tenu en haleine tout du long grâce à la prestation de ces acteurs principaux. Être dans un sous-marin, à des kilomètres et des kilomètres de la surface et ne sachant pas si l’on est seul ou non est l’une des mécaniques qui m’a le plus plu ! Si vous le voyez, essayez de vous intéresser au son de ce film, le travail derrière est impressionnant.

VOIR PLUS LOIN

La facilité, toujours la facilité. Faire des suites de succès ayant bien marché ou des remakes d’œuvres cultes déjà bien installées dans la culture populaire sont devenues monnaie courante. Or, vous avez ces films qui ont émergé, que j’apprécie tout particulièrement par ce qu’ils peuvent représenter un renouveau du cinéma français. Il y en a tant qui sont à découvrir que cela me frustre d’une certaine manière de ne pas pouvoir parler d’eux dans cet article. Soit ils ont fait un flop monumental, soit ils n’ont pas pu sortir par manque de financement. Dans tous les cas, il y a eu un manque de curiosité. Non pas seulement des spectateurs, mais aussi des instances qui subventionnent ces films. Les risques sont-ils en fin de compte pris ? Visiblement non, ce que je peux dans un sens comprendre en vue des sommes colossales à réinjecter dans ce système.

Ces comédies que tout le monde connaît attirent, maîtrisent la recette et finissent par marcher. Les profits vont être réinvestis dans la production d’autre long-métrage de ce genre afin de ne pas perdre cet argent. Il est nécessaire d’être critique sur ce que l’on consomme, se dire que notre place payée va servir à soutenir la poursuite de projet similaire à notre film. Il ne faut pas non plus se mettre la pression sur ce que l’on doit aller voir, car le cinéma reste avant tout un plaisir. Si l’on désire aller voir un film mille fois, on peut aller y aller, car c’est soutenir les salles.

HOLLYWOOD VOUS AVEZ DIT ?

Après tout, Hollywood est une des bases de pourquoi autant de gens considèrent que notre septième art est de la merde. Les films américains à gros budget, ça, ça ramène du monde, notamment les jeunes qui boudent les salles françaises. Notre cinéma est « mémérisé », semble ringard pour certains, car nous sommes davantage critiques sur notre cinéma. C’est notre langue, notre culture, nos acteurs qui sont présents dans ces films. Cette barrière présente quand on regarde un film étranger n’est plus là, ici, nous sommes inconsciemment investis dans le film et sa qualité. De ce fait, la comparaison se fait.

Alors évidemment, n’allons pas comparer l’incomparable, cela serait un combat perdu d’avance. Le cinéma américain est formaté pour plaire, à l’art de venir te chercher par ces bandes-annonces palpitantes ou, encore plus important, par le bouche-à-oreille qui va se créer autour. Notre cinéma à davantage de mal à attirer les spectateurs vers des choses qu’ils n’ont pas l’habitude de voir, il faut donc apprendre à les rassurer et d’une certaine manière les accompagner dans cette découverte.

Le ciné US, lui, va te chercher par la peau des couilles, même si tu n’en as pas. Tu dois presque résister pour ne pas y aller. Il y a carrément cette énergie populaire qui vient frapper à ta porte : « Quoiiii ?? Tu n’as pas vu Jokeeeer ??? Mais alors comment tu vas en parleeeeer ?? » Les gars orchestrent des événements, des trucs inratables. Tandis que le ciné français donc, dans sa grande majorité, ne va peut-être pas savoir faire ça.

Rurik Sallé

le cinéma français c’est de la merde !
  • GRAVE et TITANE

J’espère que tu ne vas pas manger avant de voir ces films, car sinon, bonjour le nettoyage. Je te conseille ceux-là si tu désires voir du cinéma de genre. Ils sont viscéraux, choquants, mais tout de même impressionnants quand on réalise qu’ils sont français. Nous ne sommes tellement pas habitués à voir ce genre de film dans notre langue avec nos références que cela en devient perturbant. Je ne les ai pas forcément appréciés, mais j’ai adoré l’idée que nous aussi on peut produire des films comme ceux-là.

INTERNET ET LE CINÉMA : LE CAS DU VISITEUR DU FUTUR

On a beau parler de l’industrie du cinéma classique, des films qui sortent en salle, mais il faut à mon sens aussi laisser la place à Internet. Qui n’a pas déjà regardé un court-métrage, une websérie ou cialis un long-métrage directement sur YouTube ? La qualité est présente, elle est simplement sur un autre média et ne demande parfois qu’à être découverte par d’autres générations moins habituées au web. Le visiteur du futur est la preuve que la culture Internet et les gens brillants qui y résident peuvent déployer leur talent. Ce film n’est certes pas révolutionnaire (il possède même de nombreux défauts), mais il est l’aboutissement, l’accomplissement d’Internet au cinéma. On donne sa chance à des films pouvant plaire sur grand écran et permettre ainsi de récompenser des fans assidus. La question du transmédia est alors centrale et mériterait (vous connaissez la chanson) un article à part entière.

Je devais citer dans cette partie Les Dissociés, précédent gros film provenant de YouTube, celui-ci n’a pas pu sortir en salle, mais mérite tout de même d’être regardé, au moins pour son concept original et la prestation de ces acteurs principaux.

LA VOD, UN ENNEMI portant L’EXEMPLE ?

Si finalement la solution au financement des films français était sous notre nez depuis le début ? Et si la VOD était en fait notre « sauveur » (oui j’exagère) ? À défaut de commanditer des comédies françaises classiques à la pelle, Netflix produit et distribue des films que l’on aurait aimé voir dans les salles. Je prends ici l’exemple de Balle perdue qui est un bon film d’action sans prise de tête et qui possède des scènes particulièrement réussies. Or, quand on le regarde, on ne peut s’empêcher de se demander « et si je l’avais vu en salle ». Vient se poser la question de l’expérience spectateur et de la place d’une salle de cinéma durant le visionnage et donc des plateformes de VOD. Cette méconnaissance du système de financement des films par les plateformes de VOD ne favorise-t-elle pas l’essor des plateformes de streaming illégales ?

J’espère que tu l’as compris durant la lecture de cet article, mais j’apprécie sincèrement et profondément notre cinéma. Il regorge de pépites à dénicher et surtout, souffre d’une image qui tarde à être modifiée. Je t’encourage à être curieux, à te faire plaisir et surtout à ne pas culpabiliser d’aimer ou non les « comédies françaises classiques ». Le cinéma français est vaste et n’attend qu’une chose, c’est que le spectateur que tu es vienne le découvrir davantage.

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