Ce premier soir d’inauguration, l’accueil de l’American Cosmograph déborde d’une ambiance festive. Informé par le fanzine du cinéma et le bouche-à-oreille, le public, à majorité constitué de femmes de tous les âges, découvre le programme haut en couleur de cette troisième édition. Ce projet porté avec fierté par l’association La Petite a pu évoluer depuis ses débuts, tout en conservant ses animations phares. La soirée cabaret, favorite parmi les participants, est maintenue le samedi soir. La séance Jeune Public longuement souhaitée est organisée en partenariat avec Cinélatino, et un troisième jour de festival a été ajouté pour prolonger les festivités. En dépit des récentes coupes budgétaires, Girls Don’t Cry n’a jamais été aussi populaire, et l’association a pu continuer à maintenir de bons partenariats avec la Cinémathèque de Toulouse et le festival Cinélatino. À l’affiche, on trouve des succès internationaux, des classiques alternatifs, comme des avant-premières, et des films pour tous les goûts qui offrent la possibilité de s’ouvrir vers le monde avec un regard neuf.
Lesvia (2024, 1h17 — Grèce)
Le premier film de ce soir d’inauguration est Lesvia, un documentaire relatant les histoires du village d’Eresós, situé sur l’île grecque de Lesbos. Madame Tzeli Hadjidimitriou, une enfant du pays, prend le parti de raconter l’importance que ce bout de paradis au milieu de la mer Égée a eue pour une immense proportion de la communauté LGBTQ+ tout autour du monde. Contrée d’origine de Sappho, une poétesse de l’Antiquité connue pour ses écrits d’amour, Eresós est une destination refuge pour les lesbiennes depuis la fin des années soixante. À l’aide d’une vaste collection d’images et de pellicules d’archives, Tzeli Hadjidimitriou invite le public à suivre les témoignages de dizaines de femmes de toutes nationalités qui gardent des souvenirs précieux de leurs séjours là-bas. Un ensemble de mémoires poignantes sur une facette de l’Histoire récente souvent négligée, mais non moins importante.

Faruk (2024, 1h37 — Turquie)
Coup de cœur des organisatrices, Faruk suit le quotidien d’un vieil homme turc copropriétaire d’un immeuble, qui sera bientôt démoli à cause de la mise en place de nouvelles directives de reconstruction urbaine. Attaché à son quartier, Faruk est prêt à le défendre du mieux possible afin de protéger les souvenirs de sa femme décédée, associés aux lieux menacés de destruction. Cependant, le choix des entreprises du chantier, la configuration des nouveaux appartements, son âge avancé et des soucis de santé sont autant de fatigue et incertitudes supplémentaires. La présence de sa fille lui est d’un soutien considérable : ils semblent très proches et s’échangent régulièrement des coups de fil. Elle a même pris l’initiative de produire un tournage sur les soucis immobiliers de son père afin de mettre en lumière les difficultés encourues par les personnes vivant cette même situation de relocalisation forcée. Une réflexion profonde sur un sujet peu abordé dans une société souvent focalisée sur le futur.

À mort le bikini ! (2023, 16 minutes — Québec)
Lili, 10 ans, se voit imposer par ses parents le port d’un haut de bikini lors de sa prochaine sortie au parc aquatique. Outrée par ce qu’elle considère être une injustice, elle se rebelle comme elle peut contre cette obligation vestimentaire. Cette courte, mais impactante histoire, démontre l’absurdité de l’idéal féminin et des règles exclusives à chaque genre, du point de vue de quatre jeunes meilleurs amis.

Hola Frida (2025, 1h22 — Canada, France)
Frida Kahlo était une peintre connue pour ses œuvres réputées et ses ambitions féministes et démocratiques, alors avant-gardistes dans son pays natal, le Mexique. Inspiré par le livre jeunesse “Frida, c’est moi” de Sophie Faucher et, indirectement, par les journaux intimes de Mme Kahlo, le film retrace les débuts de vie de l’artiste de façon colorée et fantaisiste. Un beau conte animé présentant une femme, animée par une fureur de vivre, mais souvent méconnue, à travers ses propres récits et mondes imaginaires, ravivés à l’écran au grand plaisir du public.

Avec une affluence de 80 à 260 personnes selon la capacité des salles, il est certain que la quatrième édition est déjà attendue par tous avec impatience. Dans un esprit de promotion de la multiculturalité et de la multidiversité, des films de pays moins reconnus sur la scène internationale, tels ceux de l’Europe de l’Est et de la Méditerranée, sont mis en avant, au grand plaisir du public. Le festival a permis à chacun et chacune de voyager sous différents horizons et de partir à la rencontre d’aventures humaines riches en émotions. La promesse d’un weekend plein de “Moments Feel Good” a bel et bien été tenue !
Interview de Camille, membre de l’association La Petite
Quels étaient les retours que vous avez eus lors de la première édition ?
Dès le départ, notamment avec le succès de la soirée cabaret, les retours étaient très positifs.
Comment effectuez-vous la sélection des films projetés ?
L’association La Petite est gérée par l’équipe de communication, Beliz et moi. L’affiche finale est un amalgame de choix de l’American Cosmograph et de choix personnels. Elles les trouvent également à la suite de projections antérieures, via des sélections de plateformes de streaming comme Mubi, et de festivals comme Pink Screen. Elles permettent aussi de rencontrer des réalisatrices indépendantes.
Cela fait trois ans que vous essayez d’inclure une projection pour le jeune public. Dans quel but ?
Nous souhaitons toucher un plus grand public, offrir aux enfants la possibilité de se pencher sur des sujets qu’ils ne choisiraient pas forcément d’eux-mêmes, et de découvrir autre chose. Elles s’adressent aussi aux parents pour qu’ils l’apprécient également à un autre niveau de lecture et qu’ils en parlent à leur entourage.
Quels sont vos projets pour la prochaine édition ?
La conservation de la soirée cabaret, des projections tout du long des trois jours et un partenariat avec Cinéphilae.