Il est assez rare que j’aille voir des documentaires au cinéma, mais pour celui-ci, je n’ai pas regretté le détour : il est vraiment ma-gni-fique, esthétiquement exceptionnel. Mais pas seulement, car l’histoire racontée dans ce voyage pourrait presque nous faire penser que l’on vient de voir une fiction, tellement le suspens est bien géré et le rythme est au cordeau.
Via Sedna c’est le récit d’un projet mené par 8 femmes. 4 grimpeuses (dont l’une est aussi la réalisatrice) et 4 navigatrices. Leur but: rejoindre le Groenland depuis La Rochelle en voilier et ouvrir une voie d’escalade en terrain d’aventure , une voie jamais pratiquée auparavant par qui que ce soit. Le temps est compté, car leur voyage est long et l’été du Groenland ne dure pas très longtemps. Les retards s’accumulent sur leur trajet et leur rêve commence à s’éloigner. Vous pouvez voir la bande-annonce ici.
J’ai eu la chance de voir ce film lors d’une projection à Foix dans une salle de l’Estive et en présence de l’une des grimpeuses. En fin de séance, il y a eu un temps d’échange où elle nous a expliqué que c’était le premier long-métrage de la réalisatrice. Elle s’était formée quelques mois avant le départ afin de capturer au mieux toute l’essence du voyage et a notamment appris à piloter un drone, ce qui donne des images absolument grandioses de la banquise, du paysage du Groenland et des différents lieux d’escales.
Au-delà des prouesses techniques, la narration est prenante. On embarque sur le voilier comme si on y était, on vit en quasi-huis clos pendant une partie du film et on apprend à connaître les protagonistes, comme elles-mêmes créent des liens entre elles au gré des flots. Tout cela transparaît si bien. On ressent leurs appréhensions, leurs frustrations, leur fatigue, mais aussi leur joie, leur empathie. La parole est donnée à chacune des protagonistes, ce qui a pour effet d’augmenter la sensation d’intimité du spectateur ou de la spectatrice. Ce qui transparaît aussi énormément, c’est leur force physique et mentale, les prises de décisions qui sont capitales pour mener à bien le projet, mais parfois aussi pour la sécurité des voyageuses. La capitaine du bateau endosse d’ailleurs un rôle d’une importance primordiale, on ne peut que l’admirer en la voyant gérer et dépasser les différents obstacles du trajet, avec une sérénité à toute épreuve. Je trouve ce film puissant, tant au niveau de la captation des paysages (quand on se retrouve en bas des murs de glaces ou de pierres), qu’au niveau des prouesses physiques et techniques de ce groupe d’aventurières.
Une seule envie, en sortant de cette projection : créer de nouveaux projets. Se dire que c’est possible et que si l’on échoue, au moins, on aura essayé. C’est un éloge de la vie et de l’exploration. Une ode au dépassement de soi et des barrières que l’on construit nous-même. Un documentaire inspirant et captivant qui donnera de belles idées aux futures générations. En tout cas, moi, je suis ressortie de cette séance la tête pleine de rêves d’aventures.