Une sortie réussie loin de la voie dorée des grandes maisons
L’histoire de l’animation est l’une des plus longues du septième art. Sous ses nombreuses formes, l’animation a été présente dans notre héritage culturel commun depuis le tout début du cinéma. Après la longue course au réalisme à tout prix dans laquelle se sont lancés les studios américains, la tendance s’est récemment tournée vers une approche plus centrée sur la créativité et l’originalité, en se réappropriant les techniques de l’animation 2D. Cette évolution sur la demande de nombreux spectateurs concernant de nouvelles techniques et des histoires inédites, a ouvert la porte à de nombreux partenariats avec des artistes indépendants tout autour du monde. Conceptualisé par Pablo Berger, Mon Ami Robot est le produit d’une coproduction franco-espagnole et financé par la société européenne Wild Side Film, prend le parti de raconter l’histoire de Dog et Robot, ses débuts tout en douceur, ses péripéties successives et tumultueuses, et sa belle fin.
Une amorce trompeuse
Dog vit seul dans un immeuble d’appartements comme des centaines d’autres, il a une routine bien réglée, mais il émane de lui un air de mélancolie : la solitude et l’amoncellement de ses vieilles habitudes lui pèsent. Un soir, une publicité à la télé lui fait prendre une décision qui, il l’espère, va changer sa vie. Le lendemain, il reçoit par la poste un robot comme ami sur mesure. S’ensuit une aventure durant laquelle Dog saisit toutes les occasions pour organiser des sorties avec Robot : des ballades, des repas sur le pouce, des séances de danse sur patins à roulettes… Hélas, celle-ci ne durera que le temps d’un été. Une simple défaillance technique va abruptement couper court à leur bonheur innocent, et maintenir Robot dans un état de solitude coupée de toute civilisation.
Un puissant voyage émotionnel
Depuis sa “naissance”, Robot a été formé en tout point par l’influence de son entourage. Au fil des jours, des semaines et des mois qui passent, Robot est confronté à lui-même pour la première fois. C’est grâce à ses deux prochaines rencontres, une famille d’oiseaux et un raton laveur au grand cœur, qu’il parviendra à s’en sortir. La première lui offre une échappatoire à sa solitude et lui permet de garder espoir, le second le sauvera physiquement d’un sinistre destin au fin fond d’une décharge.
L’importance de saisir ce qui est positif pour soi
L’amitié qui se crée entre Robot et Raton Laveur se développe d’une manière on ne peut plus authentique, et ils coulent des jours heureux sur leur toit surplombant la ville. C’est de ce même toit que Robot aperçoit Dog pour la première fois depuis leur séparation, et finit par prendre une décision inattendue. Robot choisit finalement de ne pas reprendre contact avec lui et préfère rester auprès de Raton Laveur, avec qui il vit heureux et épanoui. Les retrouvailles entre les deux personnages principaux n’auraient pas été une fin idéale : ils ne sont plus aujourd’hui tels qu’ils se sont connus. Chacun de leur côté, ils ont vécu des aventures et des rencontres qui les ont fait évoluer. Il aurait pu être satisfaisant de les voir se retrouver, mais leur relation n’aurait pas pu reprendre là où elle s’était interrompue, et il y a de grandes chances pour que la culpabilité et les regrets, d’un côté et de l’autre, trahissent finalement le sentiment de joie initial.
Un troisième personnage essentiel
En plus des attachants Robot et Dog, ce film nous présente la toile de fond qui occupe une place tout aussi importante : la ville de New York. Personnage à part entière, elle reflète, et crée presque, les humeurs des deux protagonistes. Elle déborde de couleurs chatoyantes, et des morceaux de musique s’échappent sans retenue des fenêtres et des instruments des musiciens de rue. Remplaçant le rôle du dialogue qui est ici totalement absent, la musique est omniprésente, et rythme constamment l’histoire.
Robot, Dog, la ville de New York sont tous trois les piliers au centre de ce conte superbement animé débordant de sons, lumières, couleurs chatoyantes, dégageant une atmosphère joviale contagieuse et une telle énergie qu’il est impossible de ne pas finir par y être complètement immergé.